Interview : La Femme revient avec un nouvel album Mystère

Article publié le 1 septembre 2016

Texte : Sophie Rosemont
Photos : courtesy of LCC

Mystère… Contrairement à ce que son nom indique, le second album du groupe français le plus excitant du moment révèle tout son talent pop. Pour Antidote, La Femme se dévoile.

Depuis 2013 et leur premier album Psycho Tropical Berlin, le sextuor français a su inventer un nouveau langage à la pop française : psychédélique, exotique, hédoniste. Après des mois d’attente quasi insoutenable, La Femme est de retour avec Mystère. Enregistré entre la Bretagne, Los Angeles et Paris, c’est sans aucun doute l’album de l’automne. On craque dès l’ouverture pour le psychépop de « Sphynx ». Puis on écoute, subjugué, la ballade douce-amère (façon Françoise Hardy 2.1 désabusée) « Le vide est devenu ton prénom », le western existentiel de « Où va le monde », le spleen teenager de « Septembre », le métissage sonore de « SSD », l’orientalisme poétique de « Al Warda » ou encore le voyage pink floydien de « Vagues ». Il y a à boire, à manger et à tripper dans ces 16 titres inclassables, dont la fraîcheur s’avère salvatrice pour le paysage musical hexagonal. Cerise sur le gâteau : une pochette aussi colorée qu’audacieuse signée par l’artiste underground Liberator.

Bref, que de bonnes raisons pour rencontrer trois des membres de La Femme cet été, juste avant les vacances. Le rendez-vous a été fixé au café Carette. Cela change des cafés hypes de SoPi ou des PMU faussement popus du 20e arrondissement habituellement prisés par les musiciens. Le duo fondateur du groupe, formé par Sacha Got et Marlon Magnée, est venu accompagné de sa chanteuse fétiche, Clémence Quélennec. Ils sont tous trois séduisants, maquillés, sexys. Et ils ne s’en cachent pas : ils aiment la déco rétro, le parc de la place des Vosges et les gâteaux. Mais pas seulement : on parle également de leur passion pour la musique traditionnelle latine et africaine, les instruments bizarres, la scène psychédélique californienne, la mode bien pensée (La Femme a signé la musique de défilés de Saint Laurent ou Louis Vuitton)… Enfin, quand on leur soumet l’idée d’un questionnaire décalé, où ils doivent imaginer les différentes formes que pourrait prendre La Femme, ils se prêtent au jeu sans tabous. Démonstration.

Si La Femme était…

Une saison ?
Le printemps, où l’on ressent l’espoir de l’été et de ses promesses. Et on tombe amoureux plus vite. Mais on ne renie pas l’hiver pour autant, il a tant de possibilités mélancoliques…

Une comédienne ?
Catherine Jourdan, qui a joué chez Jean-Luc Godard, Alain Robbe-Grillet, Claude Chabrol ou Alain Fleisher. Aussi belle qu’élégante.

Une fleur ?
Les orchidées. C’est beau et fragile, le mot en lui-même est raffiné. On pense aussi aux « larges pétales mauves » de l’orchidée liée à Odette, dans A la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Un objet ?
Mais la femme est déjà un objet, non ? (rires) Un harmonica… ou une petite boîte à musique !

Une qualité ?
L’honnêteté.

Un défaut ?
Être casse-couilles !

Une émotion ?
La perplexité.

Un autre groupe ?
Le Velvet Underground ou les Rita Mitsouko : des groupes qui aiment les mises en scènes, les costumes, qui conjuguent le rock et la pop.

Un livre ?
Vercoquin et le Plancton de Boris Vian. Inventif et culte.

Le mannequin Grace Hartzel, en couverture de The Freedom Issue, le numéro hiver 2016-2017, apparaît dans le clip Sphynx de La Femme.

Un film ?
Big Fish de Tim Burton, pour sa magie et sa subtilité. Et aussi Forrest Gump de Robert Zemeckis : moins original, certes, mais c’est un boulet de canon émotionnel.

Un plat ?
Une piperade. C’est une spécialité basque à base de poivrons. Il y a une chanson paillarde du coin qui va avec : « Fais moi une… pipe pipe pipe piperade, aaah fais la ah fais la, si on est là c’est pour ça ! »

Un lieu ?
Un bordel et fumerie d’opium, avec des canapés recouverts de velours rouges et des lumières tamisées… Ou une falaise de Biarritz.

Un jour de la semaine ?
Forcément en fin de semaine. Samedi, c’est le jour le plus fort, non ? Car c’est la fièvre…

Une œuvre d’art ?
Une peinture de Tamara de Lempicka, un Klimt, ou un bleu Klein, qui s’assortirait bien aux couleurs de Mystère.

Une ville ?
Weed, en Californie. Cette ville s’appelle vraiment ainsi ! Sacha y a jadis perdu son passeport… Logique.

Un événement historique ?
Woodstock. Pour sa libération sexuelle, pour l’amour que les gens ressentaient les uns pour les autres. Pour la légèreté, la joie, et la musique aussi, bien sûr.

Un animal ?
Une chatte !

Le nouvel album Mystère… de La Femme est disponible depuis le 1er septembre 2016 sur Apple Music et Spotify.

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