Nadia Rose, Ray BLK ou encore Stefflon Don, ces jeunes artistes britanniques dont le nom ne vous dit peut être encore rien sont sur le point d’exploser. Et vous n’y résisterez pas.
En 2014 débutait l’irrépressible ascension de la grime, portée par le percutant That’s Not Me de Skepta. Ce dernier, épaulé d’une horde de MCs de génie parmi lesquels Stormzy et Bonkaz, a permis à cette musique typiquement londonienne de s’exporter au-delà des eaux froides de la Manche, et à l’Angleterre toute entière de devenir l’une des scènes les plus scrutées du moment.
Surtout, de manière peut-être inconsciente, Skepta semble avoir drainé dans son sillage une nouvelle génération de femmes talentueuses et audacieuses qui n’hésitent plus à faire entendre leur voix, que ce soit dans le domaine du rap, du R’n’B ou du dancehall. La preuve par cinq.
RAY BLK
RAY BLK est une conteuse d’histoires, qui a choisi la musique pour relater son existence : celle d’une jeune femme noire grandissant et évoluant dans la capitale anglaise. Avec le clip de son premier titre 5050, une chanson d’amour évoquant l’hymne Lovefool des Cardigans, cette chanteuse et rappeuse de 22 ans nous entraînait dans les salons de coiffure du Sud de Londres, un lieu convivial où ont l’habitude de se retrouver les jeunes filles de son quartier, nous ouvrant ainsi les portes de son intimité.
Son deuxième titre My Hood, sur lequel on retrouvait son compatriote Stormzy, lui a permise de faire un peu plus état de cette vie de quartier, tout en exposant davantage encore son univers envoûtant, à la croisée des genres entre R’n’B et hip-hop. Un début prometteur, confirmé par la sortie récente de son premier mini album : Durt.
JORJA SMITH
En janvier 2016, Jorja Smith divulguait Blue Lights. Un titre puissant sur lequel planait l’ombre du pionnier Dizzee Rascal, et grâce auquel cette artiste de 19 ans nous livrait ses pensées quant à la relation entre communautés noires et forces de police dans sa ville natale de Walsall, en Angleterre. « C’est là-bas que j’ai commencé à écrire, et ce morceau est influencé par ce que j’y ai vécu en grandissant », commentait-elle il y a un an pour le site spécialisé Pigeons and Planes.
Avec sa voix, ses textes et sa façon de faire vaciller les mots, qui n’est pas sans rappeler une certaine Lauryn Hill, Jorja Smith n’a cessé de créer l’enthousiasme tout au long de 2016, notamment auprès de Drake, qui a déclaré dans un entretien accordé à Entertainment Weekly que Where Did I Go?, le second single de la jeune femme, était l’un de ses morceaux préférés de l’été 2016. Forte de cette notoriété naissante, Jorja Smith a récemment dévoilé Project 11, un premier EP qui la place de facto comme la relève de la soul anglaise.
STEFFLON DON
Un temps coiffeuse, Stephanie Allen (de son vrai nom) s’est toujours sentie comme investie d’une mission : celle de bousculer la scène rap anglaise. Alors, en 2014, cette passionnée de hip-hop, née de parents musiciens originaires de Jamaïque, commence à se réappriorier des titres comme No Type de Rae Sremmurd ou Lock Arff de Section Boyz. Rapidement, elle est repérée par Sony et se fait un nom en collaborant avec Jeremih, le prince du R’n’B langoureux, ou le rappeur néerlandais Cho, avec lequel elle donnera naissance à l’entraînant Popalik.
Sa façon de rapper, son style et son attitude lui vaudront d’ailleurs quelques comparaisons avec Nicki Minaj, bien que ses vraies maîtresses à penser restent Lil Kim et Foxy Brown. « En grandissant, je n’écoutais qu’elles – ainsi qu’Eve », confiait-elle récemment à Fact Magazine. « Le fait qu’elles parlent de façon crue, qu’elles aient confiance en elles… Elle n’ont pas peur de dire ce qu’elles pensent. À chaque fois qu’elles apparaissent sur un titre, elles le dominent. C’est ce que j’aime. »
Cette manie de s’imposer, de régner sur les morceaux, Stefflon Don a elle aussi su se l’approprier. En plus d’être flanquée d’une aura charismatique, caractérisée par sa longue chevelure bleue, cette Londonienne de 24 ans est un véritable caméléon, excellant aussi bien dans la cour de la grime que dans celle du R’n’B ou du dancehall. Un indéniable talent étayé par sa toute première mixtape Real Ting, sortie en décembre 2016, qui lui a valu de figurer dans la très convoitée liste BBC Music Sound of 2017.
MABEL
Mabel était destinée à la musique. Fille de l’iconique Neneh Cherry et de Cameron McVey, producteur de Massive Attack, cette Londonienne de 20 ans a grandi bercée par le R’n’B des années 90 et 2000. Depuis un an, elle façonne une musique mélancolique et magnétique, entre R’n’B et électronique, incarnée par le remarqué morceau Thinking of You.
Sur scène, les cheveux impeccablement lisses, elle se pare de survêtements amples et de grosse sneakers blanches qui nous rappellent à certains égards la grande époque des TLC. En octobre 2016, elle faisait partie des 41 artistes sélectionnés pour se produire lors du Pitchfork Music Festival Paris « Avant Garde », et n’a fait que confirmer nos pensées : Mabel était destinée à la musique.
NADIA ROSE
Il y a deux ans, encouragée par le succès de son cousin (qui n’est autre que le talentueux Stormzy), Nadia Rose quitte son job et décide de se consacrer pleinement à la musique. Un choix risqué, qui a fini par se révéler on ne peut plus concluant : en décembre 2016, cette native de Croydon, dans le South London, a remporté le prix du meilleur clip lors des MOBO Awards 2016 (une cérémonie qui chaque année, récompense les artistes de tout horizon créant de la « musique d’origine noire »).
Et en effet, la vidéo du très bon Skwod, un plan séquence de 3 minutes, est incontestablement l’une des meilleures ayant émané de la scène grime en 2016, ce qui a permis à Nadia Rose d’ouvrir le concert du légendaire Busta Rhymes, qui s’est tenu dans l’imposant stade O2 Arena l’été dernier. Vendredi 13 janvier, elle a offert son tout premier EP, Highly Flammable, qui promet déjà de mettre le feu aux clubs de Londres. Et bientôt du reste du monde.