Pour son numéro hiver 2016-2017, Antidote a choisi d’explorer le thème de la liberté. Dans son édito, Yann Weber, directeur de la rédaction et de la création, raconte The Freedom Issue, son photographe Ren Hang, son contenu et les contributeurs qui ont participé à sa réalisation.
Combien sont ceux qui ont sacrifié leur vie sur son autel ? Plus que jamais, la liberté est une valeur que nous nous devons de défendre. Certains en parlent comme de la valeur des valeurs, comme de l’acquis suprême. Mais la liberté est une cible mobile.
Souvent, les gens que je rencontre dans le cadre professionnel m’assurent que je suis libre dans ma créativité et dans mes choix. Et c’est précisément ici, avec The Freedom Issue, que je me suis mis au défi de l’interroger. Et puisque l’un des piliers de la liberté est le droit de choisir, j’ai commencé par élire Ren Hang. Ce photographe chinois basé à Pékin incarnait pour moi cette notion de liberté, liberté du corps, liberté d’expression, liberté dans le travail aussi. Parce que son œuvre dérange, il ne se passe jamais des mois sans que la République populaire ne confisque ses clichés ou n’interrompe ses expositions.
Si personne ne nous force à être libre, beaucoup tentent de nous empêcher de l’être. La censure est sans conteste une enclave majeure à nos libertés respectives. Et si la liberté est une valeur individuelle, elle est par nature indissociable d’une liberté collective. La seule poursuite de nos propres velléités et la satisfaction de besoins que l’on pense primaires ou indispensables empiète parfois sur celle des autres. La liberté, c’est aussi la morale. Il s’agit de respecter autrui, qu’il soit humain ou animal.
Le moine bouddhiste et docteur en génétique cellulaire Matthieu Ricard honore ce nouveau numéro de sa présence. Dans un entretien pragmatique et spirituel, ce pacifiste tente un éveil des consciences quant à la condition animale. Si nous plaçons la liberté sur un tel piédestal, pourquoi viendrons-nous sciemment bafouer celles des créatures qui peuplent notre planète ?
Cette question essentielle n’est pas la seule que soulève le magazine. Lauren Bastide remet, elle, en question la libre représentation du corps de la femme au regard des diktats sociétaux, et digitaux. Car internet a joué un rôle significatif. Grâce à lui, les populations ont accédé à de nouveaux moyens de se connecter, d’échanger, de se soutenir, de faire la révolution, ensemble. Et c’est en apprenant à mieux connaître ceux qui nous entourent, de près ou de loin, que l’on prend conscience de son propre degré de liberté. Le concept n’a rien d’évident, ou d’objectif.
Quelques uns à l’instar du critique Angelo Flaccavento considèrent être libres dès lors qu’ils sont soumis à des contraintes. Pour d’autres, l’expression de leur liberté et la liberté de leur expression se manifeste par leur façon de se vêtir. C’est à ceux-là, originaux, différents, excentriques, que s’adresse Sophie Fontanel dans sa « Lettre aux lookés ». The Freedom Issue célèbre la créativité, l’initiative, l’innovation, l’allure et l’humanité. Et si le plus grand luxe, c’était la liberté ?