RuPaul, l’avant garde transgenre

Article publié le 30 mai 2016

Texte : Violaine Schütz

Alors qu’un beau livre sera bientôt dédicacé à la drag queen touche à tout, géniale et haute en couleurs chez Rizzoli, 3 raisons qui ont fait de RuPaul une icône en avance sur son temps et toujours à la page.

LA CHANTEUSE REMUANTE

Il faut réécouter l’irrésistible tube dance « Supermodel (You Better Work)» pour se rendre compte à quel point RuPaul (née RuPaul Andre Charles en 1960 à San Diego) savait chanter, écrire des paroles, danser et possédait un sacré sens de l’entertainment. Son premier album, Supermodel of the World, sorti en 1993, latteint le sommet des charts aux States. Et le morceau « Supermodel  » qui parle de la difficulté à devenir célèbre devient un hit alors que ce sont le grunge et le gangsta rap qui règnent en maîtres à l’époque. Sa dizaine d’albums sorties entre les années 90 et 2000 ont pris aussi peu de rides que ses combinaisons et coiffures flamboyantes. En 2002, son duo avec Brigitte Nielsen, une autre beauté défiant les normes, intitulé « You’re No Lady » fait sensation. Et son dernier disque, Butch Queen, sorti en mars, confirme sa modernité. RuPaul n’a rien à envier à la Madonna de « Vogue » ni aux queens du disco.

L’AVANT-GARDISTE

Lorsqu’elle est apparue dans les années 90, à la fois à la tv, dans des clips et des films, l’artiste travestie a contribué à donner une image glamour, belle et positive de l’univers des drag queens. RuPaul voulait absolument rompre avec l’état d’esprit de son milieu (où tout le monde se comportait en bitch envers l’autre) en adoptant une attitude d’amour et d’entraide. Bien avant que les termes de « gender fluid » et « sexually fluid » n’apparaissent médiatiquement, RuPaul est apparu à plusieurs reprises dans des rôles d’homme, sous le nom de RuPaul Charles, aussi bien qu’en femme, brouillant les pistes et les notions de genres. En participant à des spectacles dits « genderfuck » dans plusieurs clubs new-yorkais, notamment au Pyramid ainsi qu’au festival de drag Wigstock, dont fut tiré un documentaire inspirant, RuPaul a brisé pas mal de barrières et d’œillères. Sa philosophie ? « If you can’t love yourself—how in the hell you gonna love someone else ». Amen.

Depuis 2009, RuPaul anime à la télévision américaine l’émission RuPaul’s Drag Race.

LA SLAHEUSE DECOMPLEXÉE

Dans les années 1980, RuPaul travaille réalise plusieurs morceaux à Atlanta, dans l’État de Géorgie. On la voit aussi dans le film Starbooty en 1987. Elle devient plus mainstream en apparaissant en 1989 dans le clip du single « Love Shack » de The B-52’s. Au début des années 1990, RuPaul est connue dans les clubs de NY comme la « reine de Manhattan », ayant pour réputation de mettre le feu sur n’importe quelle piste de danse, notamment grâce à ses tenues folles. Elle distribuait près des boîtes dans un panier d’épicerie des flyers pour ses events, bien avant que Karl ne transforme un catwalk en supermarché géant. Généreuse, RuPaul est depuis plusieurs années l’image de la marque MAC, célèbre pour soutenir plusieurs causes comme la lutte contre le VIH à travers ses rouges Viva Glam. Et depuis février 2009, la diva anime une émission de télé-réalité à succès intitulée RuPaul’s Drag Race, qui cherche à élire la « America’s next drag superstar ».

À lire aussi :

[ess_grid alias= »antidote-home2″]

Les plus lus

La mode circulaire : mirage ou solution ?

Comment s’habiller sans abîmer la planète ? Si elle génère de nombreux emplois, la mode est l’une des industries les plus polluantes. Poussées par des consommateur·rice·s davantage conscient·e·s de l’urgence climatique et désormais contraintes par une loi interdisant la destruction des invendus, les marques de mode intègrent de plus en plus la circularité dans leur business model, sans pour autant renoncer à leur idéal de croissance. 

Lire la suite

Nicolas Ghesquière s’envole pour Séoul pour le premier défilé Pre-Fall de Louis Vuitton

Samedi 29 avril, Nicolas Ghesquière présentait son tout premier défilé pour une  collection Pre-Fall pour la maison Louis Vuitton, lors d’un show à Séoul, sur le pont submersible Jamsugyo enjambant le fleuve Hangang.

Lire la suite

L’édito de Maxime Retailleau, rédacteur en chef du nouveau numéro d’Antidote

Summer Fever

Lire la suite

Entretien avec Raye, la popstar qui s’est battue pour son indépendance

Durant sept ans, la chanteuse britannique Rachel Keen, alias Raye, a dû se contenter de sortir des singles (dont plusIeurs sont devenus des tubes) au sein de son ancien label, Polydor, qui ne l’a jamais autorisée à sortir le moindre album. Une situation qu’elle a fini par dénoncer sur son compte Twitter, en désespoir de cause, avant d’être libérée de son contrat et de donner un nouvel élan à sa carrière en sortant enfin son premier disque,« My 21st Century Blues », en indé. 

Lire la suite

Rencontre avec Lancey Foux, le nouveau challenger du rap anglais

On dit que Lancey Foux doit sa réputation aux rappeurs qui l’ont soutenu (Skepta, AJ Tracey, Playboi Carti). Or le retentissement de « Life In Hell », son dernier album, est surtout redevable à l’ouverture d’esprit de son auteur, dont le cerveau semble déborder de références, de réflexions mélancoliques et d’idées mélodiques inédites. Rencontre.

Lire la suite

Newsletter

Soyez le premier informé de toute l'actualité du magazine Antidote.