Pour son numéro été 2017, Antidote a choisi d’explorer le thème politique et essentiel des frontières. Dans son édito « Horizon 2017 », Yann Weber, directeur de la rédaction, raconte Borders, son photographe Olgaç Bozalp, son contenu et les contributeurs qui ont participé à sa réalisation.
Parler des frontières pour mieux les abolir. Voilà le dessein de ce nouveau numéro d’Antidote : Borders. Un magazine plus engagé que les précédents, parce que la presse mode ne peut plus se prétendre hermétique au monde qui l’entoure, à ses bouleversements politiques et aux événements qui menacent son intégrité. L’investiture de Trump, la crise des migrants ou le débat autour de la laïcité sont autant de rappels qu’il est de notre devoir commun de promouvoir et d’œuvrer en faveur d’une paix universelle. Au détriment des oppresseurs, des dictateurs, des manipulateurs, ensemble et solidaires. Quels que soient la couleur, le sexe ou la religion de chacun.
Il n’y a pas de frontière que l’on puisse imposer au temps. Et l’Histoire s’est toujours bien chargée de nous le rappeler, du mur de Berlin à l’arrivée d’Internet, ce territoire transnational générateur de connexions. Car les échanges et les mélanges sont d’extraordinaires vecteurs d’enrichissement. D’abord au niveau culturel. Telle est la solution à l’intolérance et le remède à toute forme de discrimination.
Apprendre à connaître l’autre pour mieux vivre ensemble. C’est précisément ce pour quoi milite la collection de clichés d’Olgaç Bozalp, photographe turc basé à Londres à qui a été confiée la réalisation de ce nouveau numéro d’Antidote ; un diaporama de visages, de paysages et d’identités différents, au-delà des stéréotypes mortifères. Ceux qu’il photographie ici sont étudiant au Cap, mannequin à Londres, chauffeur à Istanbul, réfugié à Beyrouth, actrice à Paris ou amants à Téhéran. Un casting comme un parti-pris, l’envie de montrer autre chose. La réalité, peut-être.
Elle est parfois sublime, parfois douloureuse, surtout individuelle. On le comprend à travers les témoignages d’Hamadou Fréderic Baldé, métis « born in translation », Vikken, DJ et performeur transgenre, Regina Demina, artiste élevée en banlieue, ou encore Abdellah Taïa, écrivain marocain homosexuel. Des récits personnels et intimes qui bousculent et défient les normes en vigueur.
Pour une conception du monde non plus binaire mais multiple où toute séparation ne serait que prétexte au rassemblement, où toute limite n’indiquerait que l’existence d’un domaine à explorer et où toute porte ne marquerait que le seuil d’un avenir meilleur. Il se profile déjà, à l’horizon.