Elle présente à Cannes Juste la Fin du Monde de Xavier Dolan, fait la couverture de Madame Figaro à ses côtés et incarne la femme Louis Vuitton par Nicolas Ghesquière. Léa Seydoux confirme son statut d’icône fabriquée en France, jusqu’à en exaspérer plus d’un.
À 30 ans, Léa Seydoux compte parmi les actrices françaises les plus emblématiques de sa génération. Dans les pas de Marion Cotillard, entre cinéma d’auteur et méga-productions, elle capitalise sur son ADN tricolore pour conquérir Hollywood. Cette année, les deux comédiennes paradent coude à coude sur le tapis rouge du 69e Festival de Cannes à l’occasion de la projection du dernier film de Xavier Dolan baptisé Juste la fin du monde sélectionné en compétition officielle. Le long-métrage qui sortira le 21 septembre en France marque pour Léa Seydoux la décennie d’une carrière exemplaire.
Elle débute discrètement au cinéma en 2006 dans Mes Copines, une comédie dont le succès se fait relatif. Il lui faudra attendre deux ans et son premier rôle-titre dans La Belle Personne de Christophe Honoré pour se faire remarquer. On la présente déjà dans la presse comme l’étoile montante du cinéma français, une star en devenir, la relève de Bardot.
Sa jolie moue n’y est pas innocente. Yeux bleus en amande, petit nez en trompette, pommettes rebondies, diastème et lèvres pulpeuses, son charme très français joue en sa faveur lorsque le temps vient d’imprimer les pages de Jalouse, Elle ou Glamour. La presse féminine, gourmande de « fils et fille de », lance le phénomène Seydoux.
Léa Sedoux interprète Junie dans La belle personne de Christophe Honoré.
Parce que son nom n’est pas inconnu. Son grand-père répond au prénom de Jérôme et le petit business qu’il dirige à celui de Pathé. Son grand-oncle Nicolas a, lui, préféré la direction de Gaumont. Son père, Henri, est à l’origine de la société Parrot. Sa mère, Valérie Schlumberger porte les armoiries de la multinationale pétrolière éponyme. Last but not least, sa belle-mère s’appelle Farida Khelfa.
Si Léa défend n’avoir jamais reçu de soutien particulier de cet arbre généalogique tentaculaire, le sang Seydoux qui coule dans ses veines provoque l’hémorragie dès que l’actrice aborde le sujet de son ascension. Dans une interview accordée en mai à Madame Figaro en duo avec Xavier Dolan, elle assure venir de « de l’école de la vie ». Il n’en fallait pas moins pour faire tomber le couperet des réseaux sociaux, dont la véhémence se nourrit souvent de noms à particule.
Son pedigree est-il pour autant un prétexte suffisant pour l’enfermer à jamais dans le carcan de l’illégitimité ? Sa filmographie l’en a bien affranchie. Après Inglorious Basterds, Mystères de Lisbonne et L’enfant d’en haut, la carrière de Léa Seydoux atteint de nouveaux cieux en 2013 quand elle présente à Cannes à la fois Grand Central de Rebecca Zlotowski et La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche qui rafle la Palme d’Or et un succès international.
« Je me promenais dans le marais quand un homme m’a abordée pour me proposer de poser pour la marque. Plus tard, le patron d’American Apparel me photographiait. »
Cette année-là, elle est de toutes les parutions, de Grazia à Télérama. Nue en couverture du premier numéro de la nouvelle formule du magazine masculin Lui, Seydoux rappelle qu’elle n’est pas farouche. En 2007, alors inconnue du grand public, elle levait le t-shirt et écartait les cuisses pour les besoins d’une campagne American Apparel. « Je me promenais dans le marais quand un homme m’a abordée pour me proposer de poser pour la marque. Plus tard, le patron d’American Apparel me photographiait. […] Je n’ai d’ailleurs aucun droit sur la photo, on m’a juste donné un short et une cinquantaine d’euros ! », se souvient-elle dans une interview accordée à Vogue.
La girl next door ne s’est pas arrêtée là. Elle décroche un contrat avec Prada pour qui elle a d’abord incarné la Resort 2012 puis le parfum Candy. Rag & Bone et Miu Miu suivent le pas, avant que Nicolas Ghesquière ne la dérobe pour incarner son printemps-été 2016 chez Louis Vuitton dans le ranch mexicain de l’architecte Luis Barragan.
Campagne Louis Vuitton par Nicolas Ghesquière printemps-été 2016 .
Photo : Patrick Demarchelier
La réputation mode de l’actrice n’est plus à faire. Aidée de son aînée styliste Camille, Léa Seydoux s’est construit une image de parisienne tendance et désinvolte, qui s’exporte à merveille. Woody Allen s’en est entiché dans Midnight in Paris, Wes Anderson dans The Grand Budapest Hotel, et consécration, Sam Mendes lui a confié la robe de James Bond Girl dans Spectre. Elle est d’ores et déjà annoncée aux côtés de Channing Tatum à l’affiche de Gambit, un blockbuster américain qui devrait voir le jour d’ici 2017.
Et quand Madame Figaro lui demande si l’important est maintenant de durer, Léa Seydoux de répondre : « Je ne me pose pas la question car je fais les choses par passion. Je m’engage avec le cœur ». Mélanie Laurent n’a qu’à bien se tenir.