Nicolas Ouchenir et Hugo Matha, garçons à suivre

Article publié le 6 janvier 2016

Photographies : Antoine Harinthe
Texte : Laurence Vély

En septembre dernier, la fine fleur des journalistes de mode se pressait sur le toit d’une école du troisième arrondissement pour découvrir une première collection et ébruitait un nom tranchant comme un sabre japonais, Hugo Matha. Ni Japonais ni tranchant, mais souriant et Aveyronnais, le jeune créateur présentait de curieuses pochettes-objets en plexiglas comme s’il avait fait ça toute sa vie. A quelques mètres de lui, Nicolas Ouchenir, principalement connu pour avoir remis à la mode le métier de calligraphe, le regardait faire avec des éclairs de fierté dans le regard.
A l’ère du « tout instagramable », la beauté et la jeunesse de ce couple en vogue attire les magazines branchés. Mais si ces deux-là incarnent la nouvelle garde, le sang frais dont le milieu aime à se repaitre saison après saison (attisant au passage curiosité et envie) ils ne sont pour autant pas dupes des flatteries et des mirages du monde glitter dans lequel ils évoluent. La faute à leurs racines terriennes ou à une hypersensibilité que les deux avouent partager ? Rencontre à domicile avec les deux garçons qui affolent la mode.

Vous n’aimez pas trop être interviewés ensemble, pourquoi ?

Nicolas Ouchenir : Oui on évite en général, sauf pour les amis journalistes ! Tu es probablement la dernière avec qui on le fait. Les gens savent que l’on est ensemble, mais on essaie de se protéger.

Hugo Matha : Et on n’a pas envie d’être confondus ! Mais il faut avouer qu’en soirée on est souvent shootés tous les deux… Et à vrai dire ça ne nous dérange pas.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Hugo : Nous étions tous les deux en couple…

Nicolas : Mais au début, Hugo ne m’aimait pas, j’ai lutté pour le conquérir !

Vous êtes partout. Nicolas est le calligraphe officiel des plus belles maisons de luxe, Hugo est sur toutes les lèvres des journalistes de mode… pourtant aucun de vous deux n’était disposé à travailler dans ce milieu très particulier.

Hugo : Ce n’était absolument pas une vocation, je n’aurais jamais pensé faire ce métier même si j’étais créatif. Et la mode en soi ne m’intéressait pas spécialement ! C’est un stage de six mois en Chine qui a tout déclenché. A mon retour j‘ai présenté ma première collection de pochettes dans un haras chez mes parents en Aveyron, grâce à des financements de la  région. Un an plus tard j’organisais, car Nicolas m’y a encouragé, mon premier déjeuner presse, avec dix journalistes et un buffet préparé par mes soins ! Trois mois plus tard ma collection était en vente chez Barneys et colette.

Nicolas : Pour moi, tout est parti de rencontres professionnelles. J’ai assisté Jean-Gabriel Mitterrand, il a été le premier à me dire que j’avais une belle écriture et à me soutenir. Ensuite, il y a eu Pia de Brantes et plusieurs autres qui ont suivi. Maintenant, Carine Roifeld et Maroussia Rebecq entre autres, sont de précieux soutiens dans ma vie et dans mon travail. Mais tu sais, les gens qui sont issus du sérail, les filles et fils de ne nous impressionnent pas. On aime ceux qui se sont construits tout seuls.

Vos projets ?

Hugo : J’ai terminé ma collection d’accessoires qui sortira en mars tout en étant consultant d’autres maison pour financer ma marque. En janvier je lancerai des accessoires homme et en septembre prochain je lance ma collection de prêt-à-porter de luxe, avec des objets fort comme des perfectos en alligator.. C’est une année très chargée qui s’annonce.

Nicolas : Les gens m’imaginent derrière une pile d’enveloppes en train de calligraphier toute la journée, mais ce n’est pas uniquement ça ! Déjà, je passe des heures et des journées à inventer des écritures ; calligraphe, c’est un peu comme danseur, il faut travailler minimum 8 heures par jour pour trouver une nouvelle lettre, mais c’est ça qui m’amuse. J’ai terminé les logos du Ritz, du Château Marmont, du Château de Versailles et là j’accompagne la sortie du dernier parfum Dior, entre autres.

Vous êtes partout, vous venez d’emménager dans de nouveaux locaux de 160 m2 rue Marignan…Comment gardez-vous les pieds sur terre ? 

Nicolas : Surtout en regardant ceux qui ne les ont plus, ils ne nous plaisent pas.

Hugo : Quand tu perds les pieds sur terre, tu ne progresse plus et nous on veut évoluer. On ne veut pas être secs de l’intérieur et le fait d’être deux nous aide. Si l’un est en colère, l’autre le calme. On se protège.

Votre mantra ?

Hugo : Quand on veut on peut. Il ne faut pas se limiter par peur.

Nicolas : Je pense comme lui. Il faut juste faut garder la tête froide, mais ne pas hésiter à aller vers l’inconnu et faire ce qui nous plait.

Que dit-on sur vous et qui vous énerve?

Hugo : Rien d’énervant, mais quelquefois des choses saugrenues : un jour, une journaliste a dit que j’étais comme une femme de footballeur.

Nicolas : Les mauvais propos me touchent, et je ne supporte pas que l’on dise du mal de mes amis par exemple. J’essaie de ne pas écouter les gens, dans notre milieu les réputations ne vont pas forcément de pair avec la réalité.

Qui seraient les invités de votre diner idéal ?

Nicolas et Hugo : Barbara, Andrée Putman, Catherine et Liliane, Carine Roitfeld,

Quels sont vos défauts ?

Nicolas et Hugo : Hypersensibles et très émotifs. Tous les deux.

Comment vous voyez vous vieillir?

Nicolas : Je n’en ai aucune idée… En Italie, ensemble, pourquoi pas ? Tant qu’on est heureux et qu’on n’a pas de contraintes.

Hugo : Ou en Auvergne. Qu’importe pourvu que ce soit sans Botox !

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