Mode, ego & psycho : quand l’habit fait le mood

Article publié le 24 juin 2022

Texte : Henri Delebarre. Article extrait d’Antidote Persona Issue printemps-été 2022. Photo : Viktor & Rolf Haute Couture printemps-été 2019.

Si l’intérêt de l’anthropologie, de la sociologie ou de la philosophie pour la mode et ses productions est documenté et relayé depuis de nombreuses années, celui que lui portent la psychologie, la psychanalyse ou encore la psychiatrie demeure étrangement dans l’ombre. Pourtant, pour peu que l’on s’y penche, force est de constater que la mode et les objets qu’elle produit pour permettre à chacun de composer sa propre « parure » – selon le terme d’usage en anthropologie – intéressent depuis plusieurs décennies les acteur·rice·s de ces disciplines. Entre la publication d’ouvrages sur les liens unissant mode et inconscient, la mise en place d’expérimentations analysant l’impact des vêtements sur nos capacités cognitives, l’intégration de vestiaires spécifiques dans le cadre de certaines thérapies, voire l’appropriation par les marques de luxe elles-mêmes de discours ayant recours au champ lexical de la psychologie, retour sur l’intérêt mutuel que se portent mode et sciences cognitives.

Que révèle de nous la manière dont on s’habille ? Le vêtement peut-il avoir un impact sur notre humeur ou notre comportement ? La mode et ses différentes productions (vêtements, accessoires, maquillage…) peuvent-elles contribuer à notre bien-être psychique ? À la fois masque social et langage non-verbal, le vêtement, en tant que composante majeure de la parure que l’on arbore, est un indicateur aussi précis que précieux sur le regard que l’on porte sur soi, mais aussi sur l’image de soi que l’on souhaite tendre à l’autre et au monde. De Roland Barthes à Jean Baudrillard en passant par Georg Simmel, de nombreux·se·s intellectuel·le·s ont, chacun dans leur domaine et principalement dans les sciences humaines, consacré une partie de leur travail à la mode, à la parure et/ou au vêtement. Mais l’intérêt que leurs portent d’autres sciences cognitives, telles que la psychologie, reste relativement faible. Une négligence qui est sans doute en partie le fruit de la persistance, dans l’imaginaire collectif, du caractère soi-disant frivole et futile de la mode et de tout ce qui a, de près ou de loin, trait à l’apparence.

Pour une psychologie du vêtement

Dès les années 1920 et les débuts de la psychanalyse pourtant, des figures éminentes telles que Sigmund Freud ou John Carl Flügel se sont penchées sur la mode et le vêtement pour tenter d’en identifier et d’en expliquer les implications psychosociologiques. Alors que Freud s’attarde notamment sur le fétichisme, en 1929, La Revue Française de Psychanalyse relaie une conférence donnée par Flügel intitulée « De la valeur affective du vêtement ». La même année, l’Américaine Elizabeth B. Hurlock publie The Psychology of Dress : An Analysis of Fashion and Its Motive, un écrit qui semble être resté relativement confidentiel tandis que paraît l’année suivante un autre ouvrage qui, lui, fera date. Il s’agit de The Psychology of Clothes, un essai de Flügel encore considéré comme la première analyse d’inspiration freudienne de la mode et du vêtement. Ici, le psychologue et psychanalyste développe l’idée que celui-ci sert d’intermédiaire entre le désir qu’ont les enfants d’exhiber leur corps nu et sa répression par une interdiction sociale imposant que le corps soit revêtu pour des questions de pudeur. S’appuyant sur la deuxième topique de Freud, selon laquelle l’esprit serait divisé en trois parties (le ça, le moi et le surmoi), John Carl Flügel estime que le vêtement servirait à concilier les exigences que ces trois forces opposées imposent au corps humain et à la psyché. Car si l’être humain naît dans un état d’amour-propre narcissique, il en résulte une « tendance à admirer son propre corps et à le montrer aux autres, afin que les autres puissent partager l’admiration. Elle trouve son expression naturelle dans l’exhibition du corps nu et dans la démonstration de ses pouvoirs, et peut être observée chez de nombreux enfants. » Cherchant à comprendre ce qui motive l’acte de se vêtir, Flügel poursuit : « Les vêtements sont cependant incroyablement ambivalents, dans la mesure où ils recouvrent le corps et préservent ainsi les tendances inhibitrices que nous appelons “modestie”, tout en offrant un moyen nouveau et très efficace de gratifier l’exhibitionnisme […]. » Ainsi, le vêtement nourrit un besoin narcissique primaire et permet de se dérober au regard de l’autre, autant qu’il cherche à attirer son attention. Il offre un compromis entre un désir exhibitionniste et la nécessité de le refouler. Ce paradoxe, Flügel le considère comme « le fait le plus fondamental de toute la psychologie du vêtement ». En 1953, un autre écrit fera également date. Il s’agit de Fashion and The Unconscious, du psychanalyste Edmund Bergler, dont les théories appuient celles de Flügel.
Photo : Gucci Automne-Hiver 2022/2023.
Même s’ils restent peu nombreux, les travaux portant sur les liens entre mode et psychanalyse ont ouvert une brèche régulièrement élargie par d’autres contributions, à l’instar de Trendy, sexy et inconscient. Regards d’une psychanalyste sur la mode (PUF, 2009), de la psychiatre et psychanalyste Pascale Navarri ou de La Robe de Psyché – Essai de lien entre psychanalyse et vêtement (L’Harmattan, 2015) de la psychothérapeute Catherine Bronnimann, un temps créatrice et professeure de design et de psychosociologie de la mode et du paraître à la Haute École d’art et de design de Genève. Prenant elle aussi appui sur la deuxième topique de Freud, Catherine Bronnimann inscrit en complément sa réflexion dans la lignée de la psychologie analytique développée par le psychiatre Carl Gustav Jung, également à l’origine du concept psychologique de persona, qui désigne cette interface entre l’individu et la société, une sorte de masque social qui nous définit de l’extérieur et dont la parure, composée du vêtement, semble être l’un des avatars privilégiés, si ce n’est celui que l’on maîtrise le mieux. « La persona est un ensemble compliqué de relations entre la conscience individuelle et la société. Elle est adaptée aux fins qui lui sont assignées, une espèce de masque que l’individu revêt ou dans lequel il se glisse ou qui, même à son insu, le saisit et s’empare de lui, et qui est calculé, agencé, fabriqué de telle sorte parce qu’il vise d’une part à créer une certaine impression sur les autres, et d’autre part à cacher, dissimuler, camoufler, la nature vraie de l’individu», écrit Jung dans Dialectique du Moi et de l’inconscient, en 1928. « […] Le vêtement parle, la plupart du temps, d’autre chose que de lui-même : il met en scène des représentations du monde », ajoute Catherine Bronnimann, avant de citer l’anthropologue britannique Julian Pitt-Rivers : « L’habillement est toujours une présentation de soi, et donc un commentaire sur les autres avec qui on s’assimile ou se différencie. » Doctorante en anthropologie et spécialiste du langage de la mode, Saveria Mendella explique : « Le vêtement, c’est le premier objet qu’on décode quand on est face à un corps autre. On émet un jugement de valeur quasi immédiat. Mais chaque individu, qui se crée une parure, en est conscient. »

La piel que habito

« Conception de soi que l’on porte sur soi », tel que le considère l’écrivain Henri Michaux, le vêtement et la parure qu’il compose peuvent alors être considérés comme des miroirs de la psyché. Et qu’ils soient fidèles ou déformants (volontairement ou inconsciemment), ils sont dans tous les cas devenus des indicateurs précieux pour certain·e·s psychothérapeutes. Toutes deux psychiatres, Catherine Joubert et Sarah Stern se sont appliquées à les disséquer dans Déshabillez-moi. Psychanalyse des comportements vestimentaires (2005, Hachette). À travers des saynètes, elles analysent différents comportements vestimentaires et ce qu’ils disent sur ce que nous sommes, ce que nous voudrions être ou, a contrario, ce que nous ne voulons pas être.
Photo : Vetements automne-hiver 2022/2023.
« J’observe beaucoup la manière dont s’habillent mes patient·e·s », raconte Michèle Battista, pédopsychiatre qui exerce au CHU-Lenval de Nice, où elle a notamment à faire à des victimes de viols. « Lorsqu’un·e adolescent·e se présente en plein été en consultation avec des manches longues, par exemple, vous vous demandez s’il·elle ne s’est pas scarifié·e, ou vous vous interrogez sur ce qui fait qu’il·elle ne ressente pas la chaleur ou pourquoi la chaleur est importante pour lui·elle, de sorte qu’il·elle ne puisse pas être autrement que dans trop de chaleur. » De son côté, Catherine Bronnimann écrit :« Je suis toujours captivée par les changements vestimentaires qui ont lieu durant le cursus thérapeutique. » Mais plus que d’être révélatrice, cette seconde peau qu’est le vêtement aurait-elle le pouvoir de réconcilier avec la première ? Michèle Battista en est convaincue, notamment en ce qui concerne les maladies liées à l’estime de soi, comme l’anorexie.

Maryline Bellieud-Vigouroux :« Le vêtement peut réparer les âmes. Le médicament ne peut pas tout. Je me souviens d’une jeune fille qui se scarifiait. Je lui ai dit : “Écoute, si un jour tu as encore envie de te scarifier, lacère le vêtement !”. À partir de là, elle a arrêté. »

À la fin des années 1990, elle a été le bras droit de Marcel Rufo lors de la création de L’Espace Arthur, au sein de l’hôpital de la Timone, à Marseille, l’une des premières unités de soins psychiatriques en France entièrement dédiée aux adolescent·e·s. Là, elle participe à la mise en place d’une « vêtothèque », un nouvel espace dans lequel les adolescent·e·s en mal-être peuvent venir, accompagné·e·s du personnel soignant, essayer et emprunter des vêtements de créateur·rice·s, fournis chaque saison grâce à la collaboration de Maryline Bellieud-Vigouroux, instigatrice de la vêtothèque et fondatrice de la Maison Mode Méditerranée. « L’idée était de travailler sur l’identité somatique des adolescent·e·s. Il y avait des malles remplies de vêtements, dans une salle avec des miroirs. Le vêtement permettait de réaliser tout un travail sur l’image de soi. Le projet a gagné l’adhésion des adolescent·e·s hospitalisé·e·s qui oubliaient leur maladie. Le corps, devenu pour eux·elles un objet oublié, redevenait le sujet principal, raconte cette dernière. Beaucoup, au départ n’essayaient même pas le vêtement, mais touchaient la matière. C’était un premier contact. Et puis, petit à petit, ils·elles osaient le poser sur eux·elles, devant un miroir, l’essayer et l’emprunter, poursuit Maryline Bellieud-Vigouroux. Le vêtement peut réparer les âmes. Le médicament ne peut pas tout. Je me souviens d’une jeune fille qui se scarifiait. Je lui ai dit : “Écoute, si un jour tu as encore envie de te scarifier, lacère le vêtement !”. À partir de là, elle a arrêté, parce que le vêtement, elle l’aimait. Ça a eu une influence sur son psychisme et sur sa propre peau, qu’elle détestait, mais que le vêtement l’a aidée à respecter. » Le docteur Battista confirme : « Plus un vêtement est beau dans ce qu’il représente pour nous, plus on va se sentir bien dedans. C’est un renforcement de l’estime de soi. C’est très important. Aujourd’hui, je travaille dans le trauma, et quand on a été traumatisé, on ne se voit plus qu’à travers le trauma. S’acheter un vêtement pour une autre raison que pour son utilité, c’est à nouveau se placer dans une projection de soi. Le vêtement permet de relancer la vie. »

Saveria Mendella : « La surconsommation et le prêt-à-porter nous ont amené·e·s à penser que l’on peut changer de look comme de mood. »

Si elle n’a pas remporté l’adhésion de l’ensemble du personnel médical à l’époque, cette initiative, qui consistait à faire du vêtement et de la mode des outils thérapeutiques, au même titre qu’un médicament, a fait ses preuves dans la pratique. Elle a ensuite essaimé à Paris, à la Maison de Solenn, la maison des adolescent·e·s de l’hôpital Cochin, aujourd’hui dirigée par la psychiatre Marie Rose Moro. « Ça a ouvert une boîte de Pandore ! Au début, on me demandait si la vêtothèque impliquait l’utilisation d’animaux pour soigner, comme dans le “véto” de “vétérinaire”. Des questions comme ça, aujourd’hui, je n’en ai plus », raconte Michèle Battista, qui cherche aujourd’hui des personnes intéressées pour participer à la mise en place d’une nouvelle vêtothèque, à Nice. Créées de manière empirique, les vêtothèques n’ont toutefois pas fait l’objet d’études scientifiques à l’époque. « Nous sommes parti·e·s d’a priori. L’idée était d’utiliser le vêtement comme une deuxième peau, une interface entre le soi corporel, le soi des pensées et le soi dans la relation aux autres. Ce qui est embêtant, c’est que la mode a toujours une connotation pécuniaire. Mais la modothérapie, c’est aussi le plaisir de toucher une étoffe, le retentissement des couleurs dans les yeux. C’est le regard qui est stimulé, la sensorialité. »

S’écrire soi-même

Sa dimension curative, la mode ne l’exerce d’ailleurs pas seulement sur ceux·celles qui la consomment. Victime de graves brûlures après l’explosion d’une cheminée chez lui, Olivier Rousteing se confiait, en septembre 2021, sur l’effet thérapeutique qu’avait eu sur lui la création de vêtements pour la collection Balmain printemps-été 2022, point d’orgue d’une guérison certes physique, mais aussi psychique. Dévoilant notamment des robes faites de bandages, directement inspirées de ceux dans lesquels il a été contraint de s’enrubanner pendant de longues semaines, le designer en a profité pour se livrer sur cette épreuve, qu’il a cachée pendant un an, à travers un post Instagram. « Je ne sais pas vraiment pourquoi j’avais si honte, […] peut-être à cause de l’obsession de la perfection dans le monde de la mode et en raison de mes propres complexes. […] Alors que je me remettais sur pied, je travaillais jour et nuit pour oublier et créer toutes mes collections, en essayant de continuer à faire rêver le monde, en même temps que je cachais mes cicatrices avec mon masque, des cols roulés, des longues manches et même de nombreuses bagues sur mes doigts. […] Mon dernier défilé [printemps-été 2022, NDLR] portait sur la célébration de la guérison qui vainc la douleur. »

 

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« Extension de soi autant physique que psychique », tel que le considère le docteur Battista, le vêtement permet aussi de construire son auto-récit. Dans son rapport au vêtement, qu’il travaille son style vestimentaire ou prétende ne pas y prêter attention, chaque individu se raconte, met en place une sorte d’auto-storytelling. Il n’est ainsi pas rare d’entendre des personnes particulièrement désireuses de faire matcher leur parure à leur humeur, à l’instant T où elles s’habillent, dire qu’elles n’ont rien à se mettre. « La surconsommation et le prêt-à-porter nous ont amené·e·s à penser que l’on peut changer de look comme de mood », estime Saveria Mendella. La formule absurde qui consiste à dire que l’on n’a rien à se mettre existe sans doute seulement depuis que l’on a justement des tonnes de vêtements à disposition. Quand le vêtement répondait à une convention de masse, on ne se posait pas la question. Mais aujourd’hui, le vêtement sert à s’individualiser. C’est pour ça que l’on parle de “parure” en anthropologie. On est dans une recherche d’individualité maximale. » Pour y répondre, certain·e·s acteur·rice·s de l’industrie de la mode n’hésitent plus à mettre en place des outils pour faire des recommandations ciblées au·à la consommateur·ice, selon sa personnalité et sa psychologie. Lancée en avril 2021 par Anabel Maldonado et pensée comme le pendant de son site The Psychology of Fashion, qui vise à « examiner pourquoi nous portons ce que nous portons » à travers des articles intitulés « Qu’est-ce que les traits de votre personnalité révèlent de votre style ? » ou encore « Qu’est-ce que le “dopamine dressing” ? », la plateforme Psykhe recommande ainsi, grâce à une intelligence artificielle, une sélection de pièces censées correspondre à la personnalité de chaque client·e, selon ses résultats obtenus à un test réalisé au préalable – basé sur le modèle des « Big 5 », développé par le psychologue américain Lewis Goldberg – pour définir les différents profils psychologiques. Du côté de la fast fashion, en 2017, Uniqlo testait dans sa boutique de Sydney une machine baptisée Umood ayant recours aux neurosciences pour analyser, grâce à un casque bardé de capteurs, les ondes cérébrales dans le lobe frontal et, ainsi, permettre au·à la consommateur·rice, soumis·e à une série d’images, de trouver parmi un choix pléthorique le T-shirt censé correspondre à son mood.

L’être et le paraître

La mode elle-même semble d’ailleurs n’avoir jamais autant parlé d’humeur et de psychologie. Chez Prada, la bien nommée campagne printemps-été 2022 « In the mood for Prada » montrant les acteur·rice·s Tom Holland et Hunter Schafer en train de se vêtir et de se dévêtir, en est l’une des occurrences. Explorant « les couches qui […] habillent notre moi intérieur et notre moi extérieur », elle s’inspire de l’interaction émotionnelle entre soi et le vêtement. « The way we dress, the mood we wear », peut-on ainsi lire en légende d’une des photos de Tom Holland qui, selon la maison, « devient ici une incarnation de l’homme Prada d’aujourd’hui – une vie intérieure riche qui informe la projection extérieure de soi ».

 

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La mode fait ainsi elle-même de la psychologie, de la psychiatrie et de la psychanalyse le sujet de certains discours qu’elle émet. « Les marques ont amorcé un phénomène d’auto-réflexivité par le biais de directeur·rice·s artistiques comme Alessandro Michele », analyse Saveria Mendella. Pour sa dernière collection, « Exquisite Gucci », présentée lors de la Fashion Week de Milan automne-hiver 2022/2023 dans une salle aux murs recouverts de miroirs déformants, le designer déclarait ainsi dans le communiqué de presse : « Les vêtements […] sont capables de refléter notre image dans une dimension élargie et transfigurée. Les porter, c’est franchir un seuil de transformation où nous devenons quelque chose d’autre. »

En 2012, deux psychologues américains, Adam Galinsky et Hajo Adam, l’ont scientifiquement prouvé en évaluant l’impact du vêtement sur nos capacités cognitives et la manière dont nous pensons. Pour démontrer ce phénomène, qu’ils ont baptisé l’« enclothed cognition», les deux hommes ont mené une série d’expériences consistant à faire porter au hasard à une cinquantaine d’étudiant·e·s une blouse blanche identique, mais tantôt désignée comme appartenant à un médecin, tantôt à un peintre. Soumis·e·s à des tests d’attention évaluant leurs capacités à remarquer des incongruités ou à repérer le plus rapidement possible les différences entre deux images très similaires, ces dernier·ère·s ont obtenu de meilleurs résultats lorsqu’il·elle·s pensaient porter la blouse censée être destinée à un médecin. « Les vêtements envahissent le corps et le cerveau, mettant celui·celle qui le porte dans un état psychologique différent », expliquait en 2012 Adam Galinsky au New York Times. Catherine Bronnimann partage ce constat. Pour elle, la tenue vestimentaire « contribue à installer un mode de pensée ». En guise de préface de son livre, elle cite Épictète : « Ce ne sont pas les choses elles-mêmes, mais l’opinion qu’ils se font de ces choses qui tourmente les hommes. » Une phrase qui, à propos de l’« enclothed cognition », pourrait se muer en : « Ce ne sont pas les vêtements eux-mêmes, mais l’opinion qu’ils·elles s’en font qui influence les hommes et les femmes. » C’est pour cette raison que Karen J. Pine, chercheuse en psychologie du développement et auteure de Mind What You Wear: The Psychology of Fashion, parle de « happy clothes » pour désigner ces vêtements capables de faire du bien au moral, en raison de la symbolique qu’on attribue à leur couleur, par exemple, ou de l’histoire qui nous lie à eux. Cette théorie du « dopamine dressing » est particulièrement populaire dans les pays anglo-saxons. Et le docteur Battista d’ajouter : « Si on part du principe que la mémoire profonde se fait au niveau du frontal interne, qui lui-même est réglé par l’hypothalamus, je pense qu’effectivement, émotivement parlant, on s’adapte à ce que nous pensons porter. Le vêtement nous met en situation, c’est un statut. » D’où, pour elle, l’importance de continuer à s’habiller malgré le télétravail, par exemple, pour mettre son cerveau en condition, orienter son  mental et donc rester efficace.

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