À 72 ans, le créateur japonais Yohji Yamamoto est l’un des créateurs les plus emblématiques de sa génération. Ce designer visionnaire avait compris avant et mieux que tout le monde la place capitale qu’allait occuper le sportswear sur le marché de la mode. Dans un portrait réalisé pour Y-3, il explique son amour de l’extrême, ce qui l’empêche de voyager dans l’espace et évoque sa fin idéale.
Pionnier du mouvement déconstructionniste, figure incontournable de la mode internationale et irréductible avant-gardiste, Yohji Yamamoto dirige depuis 13 ans, en parallèle de sa griffe éponyme, le label Y-3 en collaboration avec Adidas. À l’occasion de l’arrivée de la collection automne-hiver 2016 de la marque, le créateur fait l’objet d’un mini-documentaire baptisé Master of The Shadows.
« J’en avais assez de faire des vêtements de luxe », confesse le designer dans ce portrait inédit accompagné d’images de son dernier défilé parisien. « Il y a de cela 15 ans, j’ai senti que je m’étais trop éloigné de la rue, et j’avais presque perdu mon enthousiasme à l’idée de créer des vêtements ». Cette lassitude ne fut que de courte durée. Yamamoto, attiré par un vestiaire plus dynamique, comprend et anticipe l’intérêt grandissant pour le sportswear. Il décroche son téléphone et appelle directement Adidas pour leur proposer un projet inédit : la création d’une ligne collaborative. « Leur réponse ne tarda pas à arriver : « Faisons-le », c’était il y a 13 ans », raconte Yohji Yamamoto parmi d’autres anecdotes distillées au long des quelques six minutes d’interview.
Une cigarette toujours à la main, le designer japonais évoque aussi sa fascination pour l’espace mais le fait que fumer l’empêche de s’y rendre. Il évoque en suivant une éventuelle fin à Y-3, qui causerait d’après lui des dommages à la mode tout entière, et s’ouvre également sur son propre futur : « Je ne partirai peut-être jamais à la retraite, j’aurai une vie de travail, et je m’effondrerai en plein exercice. C’est ça mon rêve. »
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