À la fois directeur artistique de Kanye West, fondateur du label Off-White et DJ, Virgil Abloh dort peu mais pense beaucoup. Il vient de dévoiler à Paris la nouvelle collection de sa griffe signature et lance cette saison une collaboration avec Moncler. Interview.
C’est la première fois que vous signez un tel partenariat. Pourquoi avez-vous décidé de collaborer avec Moncler ?
Nous avons des amis en commun, tout a commencé de façon très organique. Puis nous avons voulu travailler ensemble sur un projet qui viendrait apporter du dynamisme à chacune de nos deux marques. J’avais déjà fait des collaborations avec de plus petites marques mais c’était la première fois que je travaillais avec une griffe aussi importante.
D’où vous est venue l’idée de l’inspiration maritime, des pêcheurs ?
L’idée, c’était de trouver une idée de base qui pourrait permettre de créer quelque chose de totalement nouveau, quelque chose qu’ils n’auraient encore jamais fait. Ils ont beaucoup exploré les univers de la montagne, de l’escalade, des climats froids. Et j’ai pensé qu’il y avait moyen de développer ce concept de climat froid autour de la mer. Ce thème marin est très inspirant, notamment par rapport aux tenues que portent les pêcheurs, les matières, les couleurs, le stylisme, le traitement waterproof.
Après Thom Browne ou Mary Katrantzou, Virgil Abloh est le nouveau créateur à signer une collection en collaboration avec Moncler. La sienne s’appelle Moncler O.
Les casquettes de la collection sont brodées White Widow, quelle en est la signification ?
Beaucoup de navires ont un nom et « White Widow » est celui du navire fictif que nous avons inventé. Chaque saison, l’histoire sera construite autour d’un navire différent avec un nom différent. Nous recommençons la saison prochaine avec une nouvelle collection printemps-été 2017 et ce sera donc à nouveau sur un bateau. C’est vraiment ça la direction artistique. J’ai le sentiment que cette collaboration n’a pas de limite, elle pourrait durer pour toujours.
Cette collection n’est pour l’instant que masculine, verra-t-on bientôt son pendant féminin ?
Je préfère dire qu’elle est unisexe. Je pense qu’une large fraction de la collection peut être portées par les deux sexes. Et il en est de même pour Off-White. Mais je veux continuer de faire deux défilés chaque saison parce qu’il y a des hommes et des femmes dans le monde. Et j’aime les contraintes d’avoir un show homme et un show femme.
Off-White printemps-été 2017
Vous avez lancé Off-White en 2015 à la Fashion Week de Paris, comment faire pour qu’une collection soit remarquée au milieu de centaines d’autres shows ?
Je veux juste qu’elles soient authentiques, en adéquation avec qui je suis et avec mes goûts. Aussi avec le milieu social dont je viens, avec mes amis, et c’est vraiment ce sur quoi j’ai voulu me concentrer. Je suis imprégné de culture américaine, de streetwear, entre New York et Los Angeles et le Japon, de musique hip hop, de cet esprit jeune. Je veux partager ma propre vision du monde. Je pense que mélanger le luxe et le streetwear est quelque chose de très moderne, c’est vraiment la façon dont les gens s’habillent. Je crois qu’un créateur qui tend vers cela est pertinent.
Pourquoi avoir choisi de présenter Off-White à Paris et non pas à New York ?
Je pense que Paris incarne une forme de mode différente de celle de New York. J’ai toujours voulu apporter les idées et l’énergie de New York à cette ville qui est comme centrale à toutes les villes du monde qui font la mode.
Paris est-elle la capitale de la mode d’après vous ?
À 100%.
« Mon but ultime est de parvenir à incarner mon époque. »
Pour qui créez-vous ? Pour A$AP Rocky ou pour Céline Dion ?
J’essaie d’imaginer une collection qui serait justement au centre de ces deux personnalités. C’est exactement ça le moodboard.
Un t-shirt de votre collection automne-hiver 2016 dit : « Everything you like I liked 5 years ago », qu’aimez-vous aujourd’hui ?
Les choses que je crée. Tout ce qui est disponible aujourd’hui, j’y ai réfléchi il y a déjà longtemps. Ce t-shirt est plutôt commun, il traduit l’esprit d’une jeune génération, mais ce n’est pas nécessairement le mien. L’idée, c’est vraiment qu’il faut être indépendant au niveau du goût. J’aime ce que fait Craig Green, j’adore Miuccia Prada, Raf Simons, tous ces créateurs qui modernisent l’industrie. Et Hedi Slimane est probablement mon préféré.
Photo : Mark Vassallo
Quelle est la prochaine étape pour vous et votre travail ?
Je n’en sais rien. Je veux continuer de raconter une histoire. J’ai envie de rester en phase avec mon temps. Tout évolue, et j’ai envie d’apporter ma contribution. Mon but ultime est de parvenir à incarner mon époque.
Et qu’est-ce qu’être cool signifie en 2016 ?
Être cool, c’est être sincère.
La collection Moncler O automne-hiver 2016 est disponible dans les boutiques Moncler.