Le visage arboré d’une large trace rouge – d’une peinture qu’on devine fraîche – Corey Baptiste porte le noir Balenciaga avec ce qu’on appelle la dégaine, la vraie. Celle qui offre du mouvement au moindre vêtement, comme ce caban en agneau d’une souplesse presque irréelle. Celle qui fait marcher, dans l’obscurité la plus totale, les mains dans les poches. Même pas peur des obstacles.
En cela, cette allure épouse l’esprit de la collection été 2015 imaginée par Alexander Wang pour Balenciaga, où la couleur noir, héroïne du jour, était illuminé de touches de gris (du clair au tourterelle) et de bleu acier. Froideur, ont jugé certain. Épure, disent d’autres. Une chose est certaine : Wang manie l’épure avec le twist streetwear qu’il maîtrise à la perfection, qui fait aujourd’hui de Balenciaga l’une des maisons de mode les plus intéressantes. On le suit les yeux fermés, et on laisse agir le style. Walenciaga rules ! Et si des rumeurs chuchotent que cette fructueuse collaboration pourrait bien se terminer, fermons aussi nos oreilles…
Un texte de Sophie Rosemont
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