Pendant des décennies, l’homme nocturne n’avait d’autre choix que de sortir sa chemise blanche la mieux repassée et son costume sagement coupé. La fête, oui, mais le col monté et le faux pli évincé. L’humour, à petites doses. Jusqu’à aujourd’hui. Sortir, c’est s’amuser, et commençons par le vestiaire ! Par exemple, Marc Jacobs détourne le smoking. S’il respecte la forme chemise blanche-nœud papillon –veste précieuse, il dédramatise le bas : le pantalon est souple, coloré, les chaussettes noires et les baskets blanches. Chez Jil Sander, le pantalon est osé, lamé, à la coupe droite et sans détours, accompagné d’un pull-over faussement sobre puisqu’il se porte à même la peau… Les découpes savantes se façonnent autour de la chemise blanche chez 3.1. Phillip Lim. Côté Dries Van Noten, l’homme ne recule devant aucune extravagance. Le mélange d’imprimés, de matières, le protège cou en fourrure violette… Et avec des sneakers. Tout comme la femme n’a plus d’obligation à être dénudée pour sortir le soir, l’homme peut refuser les souliers de ville. Ou, s’il consent à jouer la carte du classique, il misera, comme chez Alexander McQueen, sur un costume quasi étriqué, traversé de rayures sombres et d’une longueur suffisamment courte pour qu’on le remarque. Enfin, Versace revisite avec joie la tenue de soirée. Le cuir est ample, bordeaux, la chemise délicieusement imprimée, la chaîne en or brille et le camel évite tout débordement. Que la fête commence !
Un texte de Sophie Rosemont.
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