Sandale de randonneur en panne de style ou ultime objet du désir de l’été ? La sandale Teva a de quoi diviser mais elle monte indéniablement dans les sphères mode. Voici pourquoi on pense que la Teva est la nouvelle Birkenstock.
Comme à chaque fois qu’une paire de chaussures revient sur le devant de la scène, c’est à celui qui aura porté ladite paire en premier. Qui aura cette fois remis la Teva au goût du jour ? On ne sait pas bien. Mais ce dont on est à peu près sûrs, c’est qu’elle est bien en passe de détrôner la sacro-sainte Birkenstock. À la Fashion Week de Copenhague, en août dernier déjà, des filles hype en avaient aux pieds. Mais l’histoire remonte au printemps-été 2014 quand Marc Jacobs et Prada en avaient mis sur leurs podiums. Il était trop tôt encore. La presse américaine criait au scandale “à l’époque”. Le New York Post ne comprenait pas comment et pourquoi surtout des chaussures à scratch, incarnation des années 90, pouvaient revenir à la mode. Les Birkenstock étaient tolérées, il ne fallait pas trop en demander. Les Teva devaient encore faire un bout de chemin pour devenir cool.
Pourtant, à la base, la Teva n’avait rien de “cool”. Quand elle a été créée en 1984 par un jeune guide de rivière du Grand Canyon aux Etats-Unis, la sandale n’est rien d’autre que le résultat d’un vieux bracelet de montre Velcro attaché à une tong. On a fait plus glam. N’empêche que le petit côté MacGyver de cette sandale de sport incarne à perfection depuis plus de 30 ans l’esprit d’aventure et d’indépendance et reste, à un prix très abordable, une chaussure ultra confortable et résistante, au-delà de toute considération mode.
Teva x Han Kjøbenhavn
Mais pour que les gens de la mode aient envie d’en porter, il fallait qu’une marque à la caution hype s’en empare et remette la sandale sur le devant de la scène. Ce qu’a très bien fait Opening Ceremony cet été. C’est ce détournement par les maisons de mode qui est dans un premier temps à l’origine du succès de la Teva. Cet été, elle a développé plusieurs collaborations, notamment avec la marque danoise pour hommes Han Kjøbenhavn mais aussi Swarovski. Et ce n’est que le début. “Il y en aura d’autres l’été prochain”, nous assure-t-on du côté du bureau de presse.
Puis la marque de son côté a perpétué cette veine mode pour faire de sa sandale pratique un pur objet de désir. En la dotant notamment de semelles compensées plus “mode” pour les modèles féminins, de couleurs attractives et visuelles, et en développant ses gammes. On rend beau quelque chose qui ne l’était pas particulièrement à la base. Bingo.
Car ce qui plaît dans la Teva, c’est son côté démocratique. La chaussure est non seulement pas chère, mais elle est aussi bien pour les hommes que pour les femmes. La force de son design ? Il est adapté à tout le monde. Lors de la dernière Fashion Week homme en juillet à New York, le designer Zachary Prell a chaussé tous ses modèles de Teva pour sa collection été 2017. Quand on lui demande la raison pour laquelle il a choisi ces chaussures en particulier, la réponse fuse. “Parce que je voulais surprendre, mais aussi parce que je pense que les Teva sont en train d’avoir leur moment, et je pense que d’ici quelques temps on en aura tous aux pieds. Il fallait que mes modèles en aient”, lâche-t-il dans un sourire.
Zachary Prell printemps-été 2017
Pari réussi. Ses silhouettes BCBG s’accordaient parfaitement avec ces chaussures initialement destinées au sport. Et elle est aussi peut-être là, la raison pour laquelle on se met à aimer tant les Teva. De la même façon que les sneakers et autres baskets se sont normalisées dans nos silhouettes aux quotidiens, les attributs et autres vêtements liés aux activités sportives le sont aussi de plus en plus. Par exemple l’hiver prochain, la mode sera aux chaussures dites de montagne type randonnée. Les Teva ne seraient donc que l’anti-chambre de cette tendance ? Elle est en tout cas le reflet de cette lame de fond qui mélange le sport, la mode, le lifestyle mais aussi l’indoor et l’outdoor.
Reste la question du style, celle qui divise peut-être le plus. Comment avoir le bon look avec, concrètement, une tong à scratch ? Justement, l’attitude se trouve là. Minimale grâce à la sandale Original qui est simple, noire et basique. Ou plus estivale avec des multiples déclinaisons que propose la marque depuis qu’elle a compris son potentiel fashion. On en pense ce qu’on veut. Les Américaines préfèrent, elles, la version compensée, tandis que les Françaises ont tendance à préférer la version low profile, avec un imprimé discret à la rigueur.
Même les hommes s’y mettent, cédant à l’argument maintien que ne propose pas la Birkenstock. Pour les plus sceptiques, faut-il rappeler qu’il y a quelques années de cela, vous n’auriez même pas envisagé enfiler une paire d’Arizona (le modèle phare de Birkenstock) ou que vous n’auriez pas adressé la parole à un garçon en portant ? La mode évolue et les goûts aussi.