Dis-moi ce que tu portes, et je te dirai qui tu es. L’exposition Anatomie d’une collection, qui ouvre ses portes ce samedi 14 mai au Musée de la mode, raconte le vêtements à travers le prisme de son propriétaire. Du gilet de Napoléon au pyjama de Tilda Swinton.
L’un des écueils majeurs des expositions consacrées au vêtement est souvent un manque d’humanité ; ce supplément d’âme qui réside non pas nécessairement dans l’habit en lui-même mais dans l’harmonieux accord qu’il compose avec celui qui l’arbore.
Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera et commissaire de l’Anatomie d’une collection, s’est posé la question de savoir « qui porte quoi ? ». La réponse qu’il y apporte avec la contribution des conservateurs du Musée se traduit par la réunion d’une centaine de robes, pantalons, chapeaux, vestes et souliers, propriété de l’institution réouverte au public en 2013.

Gilet d’homme ayant appartenu à Claude-Lamoral II, prince de Ligne et du Saint Empire (1685-1766), vers 1750
Redfern, cape du soir, vers 1900-1905, et Vaginay, paire de salomés, vers 1925, portées par Anna Gould (comtesse Boni de Castellane, 1875-1961)
Photos : Eric Poitevin/ADAGP
Paris met sa mode à l’heure de la célébration. Alors que le Musée des Arts Décoratifs fête le trentenaire de sa collection mode avec Fashion Forward, le Musée de la Mode de la Ville de Paris revisitera donc jusqu’au 23 octobre 2016 la mode du XVIIIe siècle à nos jours.
Les pièces qui constituent ce vestiaire transgénérationnel ont été portées par Marie-Antoinette, Napoléon, George Sand, Audrey Hepburn, Tilda Swinton,… mais aussi par des individus dont l’existence n’a pas marqué l’Histoire. Anatomie d’une collection, c’est une histoire de la mode racontée par ceux qui l’ont écrite, l’écrivent et continueront de l’écrire.
L’exposition Anatomie d’une collection est à découvrir au Palais Galliera, 10 avenue Pierre 1er de Serbie, 75116 Paris, jusqu’au 23 octobre 2016.
À lire aussi :
Les plus lus
La (haute) couture : ultime refuge de la jeune création ?
Laboratoire d’expérimentation pour les un·e·s, medium pour casser les codes pour d’autres, la haute couture se renouvelle grâce à une jeune génération engagée et créative bien attachée à défendre son désir de liberté et de non-conformisme. Quitte à refuser les visions statiques et parisiano-centrées de la discipline.
La lingerie féminine s’émancipe des diktats
Une nouvelle vague de designers remet en question les standards corporels de beauté à travers leurs pièces de lingerie avant-gardistes, défaites des impératifs patriarcaux liés au male gaze.
Rencontre avec les photographes de la nouvelle campagne CK One
La campagne one future #ckone rassemble un casting de jeunes Américain·e·s aux profils variés, reflétant toute la diversité des États-Unis, immortalisé·e·s par sept étoiles montantes de la photographie. Antidote s’est entretenu avec deux d’entre elles, dont l’œuvre s’inscrit au croisement de la quête esthétique et de l’activisme : Elliot Ross et Shan Wallace.
Femmes politiques aux États-Unis : les nouveaux habits du pouvoir
Kamala Harris mais aussi Alexandria Ocasio-Cortez et les autres membres du Squad dont elle fait partie, rejointes par de nouvelles élues au Congrès, incarnent une nouvelle idée du soft power vestimentaire. Symboles d’une classe politique recomposée, qui n’a jamais autant compté de femmes afro-américaines et hispaniques dans ses rangs, elles prennent le contrôle sur leur apparence, dictant leurs propres critères de respectabilité et d’empowerment – tout en se distinguant de l’establishment, encore largement dominé par la culture masculine.
À quand un enseignement décolonial de la mode ?
Loin d’être universel, le concept de mode renvoie à une pluralité d’imaginaires, d’esthétiques et de vécus invisibilisés par une histoire coloniale qu’une nouvelle génération appelle aujourd’hui à déconstruire – notamment via l’enseignement.