L’Afrique serait-elle devenue le continent des possibles pour de nombreuses marques à l’international ? Une redécouverte de ses savoir-faire artisanaux pourrait bien changer notre rapport au luxe.
Au Kenya, dans les montagnes situées non loin du lac Nakuru, existent de petites fermes produisant une laine de mouton douce utilisée par Aurora James, agent de mannequin devenue designer, pour sa marque Brother Vellies. Si en 2015, elle a fait partie des trois gagnants du CFDA / Vogue Fashion Fund, elle compte également parmi les marques pour lesquelles le savoir-faire artisanal africain est devenu un véritable atout. La marque crée en 2013 collabore également avec des ateliers situés en Éthiopie, en Afrique du Sud et au Maroc prouvant que nombreux sont les pays africains à devenir des îlots d’accueils pour des marques européennes en quête d’un retour à une mode plus éthique et qui valorise pleinement l’artisanat. Il reste pourtant très difficile de chiffrer ces pratiques puisque nombreuses sont les marques à ne pas mettre en avant leur travail avec des artisans africains. Alors que nos sociétés cherchent à vivre d’une manière plus authentique et inclusive, l’utilisation de l’artisanat africain tombe à point nommé et vient en aide à de nombreux pays européens ne parvenant plus à trouver ce savoir-faire en leur sein.
LES DIFFICULTÉS DE L’ARTISANAT EUROPÉEN

Photo : Brother Vellies printemps-été 2016
Les plus lus
La (haute) couture : ultime refuge de la jeune création ?
Laboratoire d’expérimentation pour les un·e·s, medium pour casser les codes pour d’autres, la haute couture se renouvelle grâce à une jeune génération engagée et créative bien attachée à défendre son désir de liberté et de non-conformisme. Quitte à refuser les visions statiques et parisiano-centrées de la discipline.
La lingerie féminine s’émancipe des diktats
Une nouvelle vague de designers remet en question les standards corporels de beauté à travers leurs pièces de lingerie avant-gardistes, défaites des impératifs patriarcaux liés au male gaze.
Rencontre avec les photographes de la nouvelle campagne CK One
La campagne one future #ckone rassemble un casting de jeunes Américain·e·s aux profils variés, reflétant toute la diversité des États-Unis, immortalisé·e·s par sept étoiles montantes de la photographie. Antidote s’est entretenu avec deux d’entre elles, dont l’œuvre s’inscrit au croisement de la quête esthétique et de l’activisme : Elliot Ross et Shan Wallace.
Femmes politiques aux États-Unis : les nouveaux habits du pouvoir
Kamala Harris mais aussi Alexandria Ocasio-Cortez et les autres membres du Squad dont elle fait partie, rejointes par de nouvelles élues au Congrès, incarnent une nouvelle idée du soft power vestimentaire. Symboles d’une classe politique recomposée, qui n’a jamais autant compté de femmes afro-américaines et hispaniques dans ses rangs, elles prennent le contrôle sur leur apparence, dictant leurs propres critères de respectabilité et d’empowerment – tout en se distinguant de l’establishment, encore largement dominé par la culture masculine.
À quand un enseignement décolonial de la mode ?
Loin d’être universel, le concept de mode renvoie à une pluralité d’imaginaires, d’esthétiques et de vécus invisibilisés par une histoire coloniale qu’une nouvelle génération appelle aujourd’hui à déconstruire – notamment via l’enseignement.