« Je ne vais pas me marier, vivre dans un deux-pièces et être un foutu chauffeur de taxi » : très tôt, Alexander McQueen a voulu échapper à son destin middle-class. Le créateur anglais a réalisé son rêve tout en transcendant la mode, grâce à lui devenue théâtrale et onirique. Savage Beauty rend hommage à son sens du style et de la démesure.
Après une excellente réception au Metropolitan Museum of Art de New York, l’exposition se tient à Londres. Logique : McQueen y est né, y a vécu et y est mort. Beaucoup d’images version photographique ou vidéo (de défilés, de magazines), des dessins et autres croquis, le tout témoignant de l’immense qualité du couturier : la maîtrise scénique. 240 pièces, souvent des robes, nous rappellent à quel point elles méritaient le nom de créations. Tout est beau, spectaculaire, parfois fou.
On regrette cependant que sa muse Isabelle Blow n’y soit pas plus représentée. Et que l’existence d’Alexander McQueen, à l’enfance douloureuse et à la maturité torturée, ne soit évoquée que de très loin… Mais la beauté sauvage de sa mode est bien là, palpable.
Jusqu’au 2 août Alexander McQueen, Savage Beauty au Victoria & Albert Museum de Londres www.vam.ac.uk
Un texte de Sophie Rosemont
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