Tailles sanglées, couleurs éclatantes et come-back de la cravate : voici ce qu’il ne fallait pas manquer lors de la dernière Fashion Week de Paris.
Après les premiers shows de Kim Jones pour Dior et de Virgil Abloh pour Louis Vuitton la saison dernière, la Fashion Week homme de Paris automne-hiver 2019 a accueilli une nouvelle série de défilés hautement attendus, en parallèle de l’arrivée de jeunes labels émergents. Du come-back du tailoring – qui s’immisce même parmi les marques axés streetwear – aux manteaux XXL en passant par l’omniprésence des pièces zippées, retour sur les éléments les plus marquants de cette édition placée sous le signe de l’effervescence créative.
L’ivresse : des premières fois
Cette semaine de la mode était ponctuée par une série d’inaugurations. À commencer par le premier défilé de Kris Van Assche chez Berluti, présenté au sein du majestueux Palais Garnier, où l’ancien directeur artistique de Dior a dévoilé un vestiaire élégant et raffiné (longs manteaux souples, chemises tâchetées, vestes tailoring croisées…). Autre événement majeur, clôturant la Fashion Week : le premier défilé homme de Céline, place de la Concorde, avec une collection signée Hedi Slimane inspirée par le Londres des 70’s et le mouvement new wave. Clare Waight Keller révélait quant à elle sa première collection 100% homme pour Givenchy lors d’une présentation dans l’atelier haute-couture historique de la maison, avenue George V, où elle expliquait elle-même quel était son processus de création pour les 17 looks de cette nouvelle ligne.
En parallèle, J.W. Anderson organisait son premier défilé homme pour Loewe, en plus du show qu’il organisait pour sa propre marque, à Paris cette fois, après avoir été inscrit au calendrier officiel de Londres durant une dizaine d’années. La griffe minimaliste Jil Sander présentait également son premier défilé dans la capitale française, tout comme le jeune label japonais Takahiromiyashita The Soloist, tandis que la marque Coréenne System (appartenant au même groupe que le concept store Tom Greyhound) faisait elle ses premiers pas parisiens après 30 années d’existence, à travers une présentation orchestrée sur un ring de boxe. Le label streetwear Heron Preston, lancé il y a deux ans seulement, organisait quant à lui son premier show cette semaine. Parfait mélange entre maisons établies et marques émergentes, La Fashion Week de Paris ne cesse ainsi de se renouveler, renforçant toujours plus son attractivité.
Photos de gauche à droite : J.W. Anderson automne 2019, Celine automne 2019, Berluti automne 2019, Givenchy automne 2019.
Les pièces : zippées
Les zips étaient partout cette saison, intégrés à des fins plus souvent esthétiques que fonctionnelles. Ils découpaient notamment un total look cuir chez Sankuanz, destructuraient de nombreuses tenues chez Takahiromiyashita The Soloist, et rompaient la symétrie des tops chez Acne Studios.
Les zips redessinaient également la coupe des pantalons Comme des Garçons Homme Plus, et étaient présents en touches plus discrètes sur ceux d’autres marques : ils traçaient des lignes verticales chez GmbH, segmentaient le bas des pièces chez Berluti, ou les traversaient sous le genoux chez Jil Sander. La marque chinoise Sean Suen s’en servait quant à elle pour scinder la taille de certains mannequins.
Photos de gauche à droite : GmbH automne 2019, Takahiromiyashita The Soloist automne 2019, Acne Studios automne 2019, Sankuanz automne 2019.
La silhouette : oversize
Fidèle à ses habitudes, Vetements présentait une série de looks oversize à l’occasion de son défilé. On retrouvait également des manteaux extra-longs chez de nombreuses marques, dont Raf Simons, Ami, Issey Miyake et Yohji Yamamoto, dissimulant les corps tout en les parant pour l’hiver.
Les collections de cette Fashion Week étaient par ailleurs parsemées de nombreuses autres pièces XXL, dont une imposante banane noire chez Off-White, et surtout d’interminables écharpes, comme chez AMI ou Acne Studios, où elles traînaient sur le sol. Préparez vous au come-back de Lenny Kravitz.
Photos de gauche à droite : Off-White automne 2019, Raf Simons automne 2019, Louis Vuitton automne 2019, Sean Suen automne 2019.
L’accessoire : la cravate
Après l’essor du sportswear dans le luxe, le tailoring vient prendre la relève cette saison, rappellant que la mode fonctionne toujours en cycles. L’accessoire phare associé au costard était donc de mise : la cravate était fine chez Celine, assortie aux chemises chez Berluti ou encore printée sur des T-shirts à col rond chez Thom Browne.
On la retrouvait également chez des marques streetwear : prolongeant le col d’une chemise chez Vetements, accompagnant une tenue tailoring oversize ou des looks plus hétéroclites chez Off-White, ou encore nouant le cou des modèles du show GmbH au Péripate, temple des nuits underground parisiennes. Autant de déclinaisons d’un style post-corporate, vidant de son sens initial l’un des symboles de la société du travail, détourné et réapproprié par le biais d’associations nouvelles.
Photos de gauche à droite : GmbH automne 2019, Vetements automne 2019, Off-White automne 2019, Celine automne 2019.
Les sacs : imbriqués
Cette saison, les sacs étaient directement intégrés aux pièces de certaines collections, à la façon de poches 3D greffées sur les tissus. Ils étaient notamment cousus aux bas des vestes chez Rick Owens, dont la collection rendait hommage au designer américain Larry LeGaspi, styliste du groupe Kiss et figure de la culture camp.
Ils dépassaient également du torse de certains mannequins chez Dior, ornaient un top chez Off-White ou encore une veste en cuir chez Alyx, et venaient rompre la symétrie d’une veste monogrammée chez Louis Vuitton. Quant ils n’étaient pas rattachés à une pièce, les sacs étaient directement liés entre eux, comme chez Ambush (qui dévoilait son lookbook à l’occasion de la Fashion Week parisienne), accrochés en bandoulière autour des épaules, ou encore chez Sankuanz, poussant tels des excroissances.
Photos de gauche à droite : Louis Vuitton automne 2019, Sankuanz automne 2019, Rick Owens automne 2019, Dior automne 2019.
Les visages : couverts
A l’ère d’Instagram où le quart d’heure de célébrité de chacun est à portée de smartphone, la Fashion Week sanctifiait elle l’anonymat. Notamment le défilé du label coréen Juun.J, où tous les mannequins avaient le visage dissimulé par des capuches rembourrées ou recouvertes de motif prince-de-galles, ou celui de Vetements, avec une collection inspirée par les tréfonds du dark web, dont la dimension secrète était métaphoriquement traduite par les cagoules arborés par les modèles.
Off-White, dont la nouvelle ligne s’intitulait « Public Television », optait même pour des casques de football américain détonnant avec le reste des looks, renvoyant autant au spectacle télévisé que constitue ce sport qu’à l’esthétique « zapping » qui traversait la collection, dans une veine postmoderne. Les têtes étaient également couvertes d’un tissu rayé chez le designer israélien Hed Mayner, de couvre-chefs hybrides chez Raf Simons, de pièces monochromes chez J.W. Anderson, d’un bandana à connotation gangsta chez Alyx, ou encore de casquettes rectangulaires chez OAMC.
Photos de gauche à droite : Vetements automne 2019, Alyx automne 2019, Raf Simons automne 2019, Juun.J automne 2019.
Les couleurs : éclatantes
Le défilé d’Off-White comprenait une série de tenues aux couleurs vives, invitant à égayer l’hiver prochain – voire à lui donner une tonalité estivale -, du manteau rose et extra-large arboré par le rappeur Offset aux total looks oranges ou verts pomme qui le parsemaient.
Un cas loin d’être isolé : on retrouvait également du jaune canari chez Heron Preston, ainsi que beaucoup de rouge chez Berluti et même chez Rick Owens, dont les collections sont d’ordinaire marquées par des couleurs sombres ou neutres. Et pour renforcer l’effet, ces tenues colorées étaient souvent monochromes, avec notamment des full looks roses ou rouges chez Vetements comme chez Raf Simons.
Photos de gauche à droite : Berluti automne 2019, Angus Chiang automne 2019, Off-White automne 2019, Raf Simons automne 2019.
La taille : sanglée
Quand ils n’étaient pas enveloppés par un long manteau souple, les torses étaient serrés, contrits, voire corsetés. Des sangles traversaient ainsi de nombreuses vestes chez Balmain, quelques looks chez Dior, ainsi que les tenues noires et dystopiques de Takahiromiyashita The Soloist.
On en retrouvait également chez Alyx : l’occasion de remettre en valeur la ceinture signature du label streetwear, immédiatement reconnaissable à sa boucle, en la plaçant par-dessus des vestes. Yohji Yamamoto, continuant de creuser sa propre esthétique sans se soucier des modes passagères, ornait lui ses longs manteaux de multiples lanières segmentant la taille.
Photos de gauche à droite : Takahiromiyashita The Soloist automne 2019, Yohji Yamamoto automne 2019, Dior automne 2019, Balmain automne 2019.