Il y a 60 ans tout ronds, Marie-Louise Carven (de son vrai nom Carmen de Cammeso) fondait la maison Carven. Disparue le 8 juin à l’âge canonique de 105 ans (la mode conserve!), elle a fait de sa maison de couture un hymne à la joie, celui qui devait résonner dans tous les dressings libérés après la Seconde Guerre Mondiale.
Suite à des études aux Beaux-Arts, cette brillante dessinatrice, cultivée et curieuse, s’oriente vers la mode afin de venger toutes les femmes de petite taille comme elle. Avec son 1m55, peu de robes lui vont? Qu’à cela ne tienne, elle fait les siennes. Et rend la couture accessible au grand public, habillant les hôtesses de l’air comme les grandes dames parisiennes. Pas de snobisme. Au contraire, place à l’aisance et à une mode facile à porter. Pas de dédain, mais un soutien apporté aux jeunes créateurs via une bourse à son nom. Le tempérament haut en couleurs de la créatrice se laisse aussi admirer sur ses créations…
Commandeur de la Légion d’Honneur, madame Carven a pu ces dernières années savourer le retour en force de sa marque grâce au talent de Guillaume Henry. Et quelque chose nous dit que de là-haut, elle veille sur les successeurs de ce dernier, Alexis Martial et Adrien Caillaudaud, pour qu’ils rendent, encore et toujours, la femme Carven unique.
Un texte de Sophie Rosemont

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