Edwige, mort d’une égérie punk à la française

Article publié le 25 septembre 2015

Photos: Magazine Facade

Texte : Hélène Cail

Figure de proue des nuits parisiennes de l’ère punk-new wave, Edwige Belmore, tour à tour mannequin, muse des plus grands photographes et chanteuse du groupe Mathématiques Modernes, est morte ce mardi.

Edwige Belmore se foutait de son image d’icône. « Icône ? C’est plutôt une conne des années 80 ! Quelque part, ça me fait rigoler et je n’arrive pas à saisir la vérité du truc. Mais effectivement je dois reconnaître, je ne vais pas faire semblant, que j’ai été une personnalité vue et reconnue des années 80 », confiait-elle au site Yagg en 2011.  Loin s’en faut. Empreinte peroxydée de ce Paris underground et foutraque du crépuscule des seventies, Edwige bouscule, Edwige affole les nuits. Celles où se mélangent punks et gotha, hétéros et homos dans les volutes du Club 7, des Bains-Douches et du Palace duquel, du haut de ses vingt ans, elle tiendra les portes décidant d’un battement de cils de ses yeux de chat qui a droit d’entrée.

Surnommée « la reine des punks » par le magazine Façade en 1977, qui utilise pour la première fois la double image de couverture qui fera par la suite sa signature, elle embrasse de ses rouges lèvres un Andy Warhol impassible. Glacée mais féline, androgyne et piquante, le tout-Paris courtise Edwige, son minois singulier, son faux air de garçon manqué. Elle défile pour Alaïa, Thierry Mugler, Jean-Paul Gaultier et pose pour Helmut Newton, Jean-Baptiste Mondino, Pierre et Gilles… Au début des années 80, Edwige devient la voix du duo new-wave Mathématiques Modernes aux côtés de Claude Arto ; leur titre Disco Rough, produit par Jacno, leur vaudra d’être promu « single of the week » par le référent NME.

New-yorkaise sur la fin de sa vie, elle réapparaîtra en 2011 dans le docu-fiction Des jeunes gens mödernes parmi Fifi Chachnil, Lio ou Yves Adrien, témoins de cette folle parenthèse enchantée. Sous l’œil de la caméra de Jerôme de Missolz, on la regarde, brune cette fois, belle toujours, se faire tatouer l’avant-bras d’un « Ne me quitte pas, Forever ». Forever, Edwige.

Jérôme de Missolz et Edwige Belmore - Festival de Cannes 2011

Edwige, Maripol & Robert

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