Il était derrière Act Up Paris, Sidaction, Têtu : le fondateur de la maison Yves Saint Laurent laisse derrière lui des valeurs et une vie dédiée à l’engagement.
On le savait businessman, mécène, passionné d’art. Pierre Bergé, qui avait fondé la maison Yves Saint Laurent avec le créateur dont il fut le partenaire, s’est éteint. Il laisse derrière lui bien plus qu’un empire de mode : on se souvient d’un homme d’affaires profondément militant, conscient, respectueux, égalitaire, qui a dédié une carrière à investir et soutenir des projets vitaux. Voici 5 causes qui lui doivent aujourd’hui beaucoup.
IL A CONTRIBUÉ A METTRE LES FEMMES EN PANTALON
En 1958, Pierre Bergé rencontre Yves Saint Laurent alors styliste chez Dior. Ensemble, ils lancent Saint Laurent Couture puis Saint Laurent Rive Gauche, en 1966. Cette ligne de prêt-à-porter est alors un concept neuf pour la mode, qui vise à rajeunir et démocratiser le luxe. Là, la marque connaît un vif succès pour ses smokings pour femmes et ses pantalons, que les jeunes chanteuses, actrices et personnalités de l’époque s’arrachent, y voyant un signe ultime de modernité et d’égalité.
IL S’EST ENGAGÉ DANS LA LUTTE CONTRE LE SIDA
Militant dès ses premières heures, Pierre Bergé est actionnaire de Act Up Paris qui se lance en France dès 1989, dans un monde décimé par les ravages du SIDA. En 1994, il fonde Ensemble contre le SIDA, ensuite devenu Sidaction, dont il devient le président en 1996. Année après année, il organise aussi des dîners annuels de levées de fonds pour la recherche de traitements contre le virus, et ce jusqu’à sa mort.
IL A MILITÉ POUR LES DROITS LGBT
Ouvertement en couple avec un homme dans un monde ou l’homosexualité choque encore, il se PACS à Yves Saint Laurent, puis, quelques mois avant sa mort, épouse son compagnon Madison Cox, afin de réitérer son soutien au Mariage pour tous.
En 1995, il fonde le magazine Têtu, puis est un des actionnaire de la chaîne Pink TV, et en 2013, annonce qu’il sera le président d’honneur des Gay Games, sortes de Jeux Olympiques queer tenus à Paris en 2018 – auxquels il n’assistera tristement pas.
IL A CÉLÉBRÉ LA CULTURE COMME ARME POLITIQUE
Après avoir dirigé le Théâtre de l’Athénée puis l’Opéra Bastille, Pierre Bergé continue de se passionner pour la culture et les arts. Dès sa création en 2002, la fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, accueille non seulement les archives de la marque, mais de l’art de diverses parties du monde, dans le but de soutenir des voix et des minorités moins entendues ou contestées. L’exposition de 2014 : « Femmes berbères du Maroc », met à l’honneur le rôle central de la femme dans la culture Nord Africaine ; celle de 2013, « Art sacré du Tibet », la liberté du pays et de ses droits de l’homme. Une continuation de la vision de la marque, pour qui le vêtement était à la fois esthétique et politique.
IL A SOUTENU LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
En 1987, il lance le magazine Globe, qui défend le socialisme et la démocratie en France ; puis crée, avec Jacques Rosselin, Courrier International en 1990. Il prend des parts dans le journal Le Monde, traversant alors une crise ; et n’hésite pas à faire défiler la maison Yves Saint Laurent à la fête de l’Humanité. La réconciliation de deux mondes que beaucoup pensaient opposés.