Fondateur de Capsul, le designer Marvin Seror traduit ses obsessions pour le Bauhaus, l’art des années 1970, et les matières rares à travers des créations aux lignes géométriques, célébrant le made in France.
Avec ses néons et son mobilier vintage, la boutique de Capsul située au 6 rue de Poitou dans le Marais est à l’image des pièces qu’elle propose : héritière des années 1970 et pourtant bien ancrée dans l’ère contemporaine. À sa tête, le créateur Marvin Seror y présente sa première collection homme pour l’automne-hiver 2017, entièrement conçue dans des ateliers français, situés dans les environs de Paris pour la plupart. Entretien.
Antidote. Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer votre marque ?
Marvin Seror. Tout d’abord l’envie de partager ma vision de la mode, notamment inspirée par l’esthétique géométrique du mobilier Bauhaus, et par les années 1970 qui résonnent très fort en moi, autant du point de vue musical qu’artistique. Mon autre objectif était d’enrichir l’offre masculine, que je trouvais limitée lorsque je faisais mon shopping. Surtout quand tous les risques sont pris en termes de matières et de couleurs dès lors qu’il s’agit de mode féminine.
D’où vient votre passion pour le mobilier vintage, que vous vendez dans votre boutique aux côtés de vos collections ?
Même si la confection de vêtements implique une certaine créativité, il n’y a qu’une seule façon d’enfiler un t-shirt, alors que pour une table ou une chaise les possibilités sont infinies. Le mobilier me donne beaucoup d’idées : la structure d’une chaise issue du Bauhaus m’a ainsi inspiré le patron de l’une de nos principales pièces, le Mojo, un blouson composé de 35 découpes. On retrouve aussi beaucoup de lignes rondes chez Capsul, qui pour moi incarnent la chaleur, le côté convivial, confortable.
Est-ce que vous designez vous-même des meubles ?
Oui, mais le souhait actuel avec Capsul est plutôt de proposer du mobilier vintage signé, d’origine, avec des matériaux nobles, de qualité, et un rendu très solide.
« Le luxe est par définition affilié à la rareté. Si on la perd, on n’est plus sur un produit luxe, quelle que soit l’image et la communication auxquelles on le rattache. »
Comment êtes-vous arrivé dans la mode ?
J’ai travaillé dans un bureau de style familial, fondé en 1979, pendant 7 ans. Nous accompagnions la création de collections, et je me suis rapidement rendu compte que c’était ce qui me plaisait le plus, et ce sur quoi j’avais le plus à dire. Auparavant, mon arrière-grand-père travaillait déjà pour des tricoteurs. Je me suis dirigé dans la mode grâce à ces origines, avec une volonté de prolonger cet « héritage textile ».
Pourquoi ne proposer que des vêtements homme ?
Notre ambition est plutôt de proposer un vestiaire unisexe pour que l’homme et la femme piochent dans la même collection, sans segmenter notre magasin en deux. Les gens qui rentrent en boutique consomment d’ailleurs par eux-même : ils n’ont pas besoin d’être rassurés par un vendeur qui leur dirait si c’est de l’homme ou de la femme.
Chaque pièce Capsul n’est produite qu’en une dizaine d’exemplaires. Pourquoi si peu ?
Parce que le luxe est par définition affilié à la rareté. Si on la perd, on n’est plus sur un produit luxe, quelle que soit l’image et la communication auxquelles on le rattache. Nos clients cherchent à se singulariser, c’est pourquoi nos produits sont limités à 15 ou même 3 exemplaires, toutes tailles et coloris confondus. C’est un parti pris qui demande beaucoup de créativité, parce qu’il faut être capable de se renouveler sans cesse.
Y a-t-il des designers de mode qui vous ont particulièrement inspiré ?
J’ai toujours été curieux de mode, j’ai toujours adoré ça, mais l’inspiration peut venir de partout, et pas seulement des grands noms souvent cités. Elle vient parfois d’un voyage à l’étranger : la dimension minimaliste de Capsul, c’est une petite touche « scandinave », avec un côté épuré, efficace, et nouveau grâce à sa proposition de matière. Notre sourcing des matières a d’ailleurs lieu au moins trois fois par an entre Milan, Paris et New York. D’autres fois je puise mon inspiration dans une friperie, revenant notamment sur les années 1930, 1970 et 1980. Le vintage a une part très importante dans notre processus de création. Partons d’une personne qui rentre dans une friperie, repère une veste en cuir et l’essaye. Il l’aime bien mais souvent quand il l’enfile la coupe est inadaptée, importable, et la pièce qu’il trouve est unique, et n’est donc pas forcément à sa taille. Proposer un produit qui est plaisant au regard et fit parfaitement avec les corps actuels est donc un atout considérable pour Capsul.
Pourquoi toutes vos pièces sont-elles fabriquées en France ?
Elles sont réalisées dans les ateliers qui confectionnent les lignes de tous les couturiers pour les défilés, et possèdent un savoir-faire exemplaire. Mise à part le knitwear, réalisé à Valognes dans l’une des trois dernières tricoteries françaises, ils sont tous situés à Paris pour permettre une réelle proximité, ce qui est primordial pour assurer le dialogue, la confiance et la qualité du vêtement.
Avez-vous déjà collaboré avec des artistes ?
Oui, avec le rappeur Doums, qui fait partie de l’Entourage avec Nekfeu, ou encore avec le DJ deep house Lazare Hoche. On a aussi conclu un partenariat avec les trois artistes d’øllebirde, un groupe de rock alternatif signé chez Universal qui va réaliser deux clips où ils porteront tous du Capsul.
Quels sont vos nouveaux projets ?
Notre deuxième collection, la printemps-été 2018, qui va arriver en magasin dès l’année prochaine. Elle a déjà été réalisée, et nous l’avons présentée au Pitti Uomo à Florence. Je suis très content de notre première ligne hiver, avec laquelle nous sommes apparus, mais l’été prochain nous allons encore oser d’autres couleurs, et notre ADN s’affirmera encore davantage.
Retrouvez Capsul sur son site internet capsul-store.com et Instagram.