Badly Drawn : Sean Ryan, le dessinateur qui affole les tops

Article publié le 24 décembre 2015

Pas besoin de rencontrer physiquement Sean Ryan pour savoir qu’on le trouve irrémédiablement sympathique. Depuis quelques mois, cet Anglais de Liverpool à peine trentenaire ans fait souffler un vent de fraîcheur dans le monde de la mode avec son compte Instagram Badly Drawn Models qui compte déjà plus de 77 000 abonnés. Le concept : récupérer des photos de mannequins et les dessiner assez grossièrement. « Mal dessiné », le terme qu’il choisit est évidemment exagéré, car on sait depuis longtemps que le style se joue de la technique. Et c’est là toute l’intelligence de Sean Ryan, qui n’a selon ses termes, « jamais pris l’art au sérieux » : jouer la modestie alors que sa proposition est suffisamment forte pour résonner dans le monde de la mode, qui sous ses dehors créatifs et extravagants, tend parfois à manquer cruellement d’humour. Pour Antidote, il a dessiné ses trois couvertures préférées de notre dernière « Celebration Issue » et a répondu à quelques questions.

Qui êtes-vous Sean Ryan ?
Juste un mec qui passe trop de temps à regarder Seinfeld, manger de la pizza et boire du café. Ah, et j’oubliais : je ne sais pas dessiner.

Le plus objectivement possible, que pensez-vous de votre travail et du fait que vous êtes en train de devenir célèbre avec vos « mauvais dessins » ?
Je trouve ça assez drôle d’être connu (enfin connu sur internet) parce que je fais mal quelque chose. C’est un soulagement car je n’ai pas à être bon dans ce que je fais. Si je rate un dessin, c’est bien, car il doit être raté. Je pense que le vrai problème vient quand quelqu’un me dit qu’un de mes dessins est « trop bien ».

Qu’est-ce-que ça dit de notre époque ?
A une période où Instagram et Photoshop gomment tous les défauts,  je pense que mes dessins proposent une alternative rafraîchissante à cet idéal de perfection impossible à atteindre.

Avez-vous toujours voulu faire ça ?
Oui. Quand j’étais plus jeune je passais mon temps à dessiner. Puis, je me suis retrouvé en échec scolaire et j’ai arrêté. Du coup, quand j’ai repris mes crayons quelques années plus tard, mon niveau était exactement le même qu’à 10 ans. Je n’ai jamais progressé.

Pour qui travaillez-vous ?
Pour le moment, juste pour moi. Je suppose que je suis « mon propre patron » comme on dit, mais je suis objectivement un très mauvais patron car je ne suis pas vraiment acharné. L’avantage c’est que je peux faire des siestes l’après-midi et que personne ne me donne d’ordres. Mais surtout, je peux bosser en pyjama.

Est-ce que vos dessins sont rentables ?
Pour être honnête, je suis encore assez pauvre. Mais je vends des dessins sur mon site et je prends des commissions sur les portraits que je fais ici.

Après les footballeurs ou les rappeurs, vous dessinez principalement des mannequins ces derniers temps. Que pensez-vous de la « fashion industry » ?
Je ne suis pas encore vraiment intégré au milieu de la mode mais il est en train de s’ouvrir à moi. Quand je reçois un message d’une « icône de mode » ou d’un mannequin qui aime vraiment mon travail, je réalise que des gens qui ont une mauvaise réputation ou qui sont intimidants sont en réalité très sympathiques. En fait, je veux  travailler davantage avec cet environnement qui regorge de gens créatifs.

Quels sont vos projets ?
Je continue à me concentrer sur les dessins de mannequins pour l’instant. J’ai aussi fait une série d’illustrations de Mac Demarco que j’aimerais transformer en livre à colorier et je suis en ce moment en train de négocier avec l’imprimeur. Ça peut aussi ne jamais voir le jour.

Comment vous imaginez-vous dans 10 ans ?
Je peux déjà difficilement planifier ce que je ferai demain donc c’est compliqué pour moi de répondre à cette question. Peut-être qu’avec 10 ans de pratique en plus, je serai finalement devenu bon en dessin ? Mais ce que je souhaite vraiment c’est d’exposer un jour mon travail dans une galerie.

Décrivez-vous en un mot.
Indécis.

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