S’inspirer des looks de l’Occupation, où la femme bataillait avec les moyens du bord pour avoir fière allure, voilà qui était osé. Or, Yves Saint Laurent n’avait cure de titiller les journalistes et autres acheteurs présents ce jour du 29 janvier 1971. Il était sans doute ravi de voir leurs visages scandalisés… Ou les nôtres, sages et attentifs, dans les salles d’exposition de la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent.
Bergé lui-même ne cache pas sa joie, encore aujourd’hui, à l’évocation de cette sulfureuse collection, que l’on retrouve au sein de cette exposition, via des croquis, des dessins et des photographies retraçant ce virage du style. Turbans, épaules démesurées, jupes midi, souliers compensés, du plissé, des fleurs et paillettes… Un méli-mélo esthétique savamment réfléchi, comme en témoigne les dessins et archives de papiers de Monsieur Saint Laurent.
Pour poursuivre le voyage, offrons nous l’ouvrage où Olivier Saillard nous raconte le pourquoi du comment de ce défilé du scandale. « Plus qu’aux femmes de son temps, cette collection allait s’adresser à celles du futur, écrit Bergé dans la préface de l’ouvrage. On le voit si on observe la mode contemporaine. Yves a ouvert la porte à la liberté. Celle qu’il a toujours revendiquée. Celle surtout qu’il a donnée aux femmes. La mode n’est plus là, comme autrefois, pour dicter ce qui est juste ou ce qui ne l’est pas. La vieille querelle de la longueur des robes prête à sourire. Et les couturiers enfermés dans une tour d’ivoire qui dicteraient la mode seraient de nos jours ridicules. » Et toc !
Un texte de Sophie Rosemont
Jusqu’au 19 juillet, Yves Saint Laurent, la collection du Scandale
Fondation Bergé Yves Saint Laurent – 53, Rue Léonce Reynaud, Paris 75016
Yves Saint Laurent, 1971, la collection du scandale (Flammarion)