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Glenn Martens x H&M : quand la liberté d’expression se fait vêtement.

Premier designer à signer une collaboration H&M sous son nom propre et non celui de la marque pour laquelle il officie, le Belge Glenn Martens a conçu pour l’enseigne suédoise une série de pièces adaptables, notamment à l’aide de fils de fer intégrés et d’autres astuces savamment pensées. Une collection mixte en forme de best-of de ses créations pour Y/Project, dévoilée en exclusivité ce vendredi 17 octobre et disponible à la fin du mois.

« On est parti des archétypes d’H&M et Glenn a sorti sa baguette magique pour les transformer en quelque chose d’autre. S’il fallait qualifier la collection en un mot, je choisirais « witty » [« astucieux », « plein d’esprit », en anglais, NDLR]. C’est par ces mots qu’Ann-Sofie Johansson, cheffe du design chez H&M, retrace, lors d’une rencontre presse exclusive organisée début octobre, sa collaboration avec Glenn Martens.
Ce vendredi 17 octobre, près de deux ans après leur premier meeting, la Suédoise et le designer belge qui officie aujourd’hui chez Maison Margiela et Diesel révèlent enfin les pièces de womenswear, de menswear et les accessoires nés de leurs échanges. L’idée de départ : identifier les pièces H&M qui se vendent le mieux — des chemises à carreaux au denim, en passant par les sous-vêtement et les bombers — pour les réinventer à la sauce Glenn Martens, c’est-à-dire avec la pointe de conceptualisme qui le caractérise, tout en les rendant portables et productibles.

« Le concept global c’est la versatilité. On voulait vraiment pouvoir jouer avec les vêtements, que chaque vêtement puisse être porté de manière simple et élégante, mais aussi qu’on puisse jouer avec », résume Glenn Martens. Du trench coat aux chemises à rayures en passant par les sacs à main, cardigans et vestes en tweed, la plupart des pièces sont malléables, modulables et transformables, pour devenir autre chose grâce à un système de fils et de feuilles métalliques intégrés ou de découpes permettant plusieurs portés. Chacun·e peut ainsi devenir son propre styliste et sculpter le vêtement à même son corps, personnaliser sa silhouette et exprimer librement sa créativité.

« On est tellement de personnes différentes dans une seule et même journée. Vous pouvez commencer votre journée avec cette chemise oversized, aller faire vos courses. Et le soir, vous avez juste à la tordre pour que ça deviennent un crop top, et vous êtes prêt·e ! », explique Glenn Martens, qui admet s’être appuyé sur l’esthétique qu’il a développé pendant ses 12 années passées au sein du label Y/Project, aujourd’hui disparu. « Y/Project, c’est vraiment la marque où je me suis développé en tant que créatif. C’est la marque qui reflète le plus mon univers. Chez Diesel et Margiela, je n’ai pas inventé les codes. Chez Y/Project, j’avais carte blanche. Je n’ai jamais eu ma propre marque Glenn Martens, j’avais Y/Project et mon esthétique y est très liée. »


Ornées du nom du designer, les pièces de la collection — à l’instar des immenses cuissardes ou du pull et du cardigan en maille torsadée à cols multiples — ne sont pas sans rappeler certaines créations réalisées pour Y/Project. Comme le confie Ann-Sofie Johansson, l’intérêt d’H&M pour le travail de Glenn Martens date d’ailleurs de cette époque. « Glenn est sous nos radars depuis un petit moment. Il a un style très particulier, très reconnaissable. Ce qu’il proposait chez Y/Project, c’était très intriguant. C’était frais, innovant et un peu bizarre aussi, mais dans le bon sens du terme ! »


On retrouve cette bizarrerie et cet esprit excentrique à travers la campagne, pensée comme un portrait de famille et qui met en scène Joanna Lumley et Richard E. Grant, deux monuments du cinéma britannique. La première est notamment connue pour son rôle dans « Chapeau melon et bottes de cuir » ou plus récemment dans la série « Mercredi ». Le second a, entre autres, joué dans le volet de la saga « Star Wars » sorti en 2019, et toute une série de films signés par de grand·e·s réalisateur·ice·s. « On ne pouvait malheureusement pas avoir le Roi Charles III et la Reine Camilla. Ils n’étaient pas dispos ! », plaisante Glenn Martens, tout en expliquant son intention. « Je vois cette collection comme une grande famille de vêtements, chacun ayant plusieurs fonctions et personnalités ». Au fil des photos, on découvre ainsi les membres d’une famille un peu loufoque, dont ce patriarche à l’allure d’aristocrate farfelu, avec sa traditionnelle veste en tweed et son trench-coat complètement tordus.


La force de la collection tient dans cet équilibre subtil entre l’expérimental et le classique, entre l’héritage et le grain de folie propres à Glenn Martens, qui a grandi à Bruges, une ville-musée à l’architecture gothique, dont l’uniformité un peu étouffante a nourri son goût pour la transgression. Le créateur se souvient d’ailleurs très bien de l’arrivée d’H&M dans la ville flamande, vécue comme une ouverture sur le monde. « J’étais adolescent dans les années 90, et H&M s’est soudainement installé à Bruges. C’était la première fois où j’avais accès à des vêtements cool, à un prix accessible. C’était incroyable pour le jeune adulte que j’étais. On pouvait trouver des vêtements qui reflétaient qui on était » se souvient-il.


Depuis la collection d’H&M avec Karl Lagerfeld en 2004, c’est tout l’enjeu des collaborations entre l’enseigne suédoise et des designers de mode reconnu·e·s : démocratiser une mode créative et originale, qui permettra à chacun·e d’explorer de nouvelles facettes de sa personnalité. « J’ai trop hâte de voir tout ces petits Gremlins s’approprier cette collection et de voir comment il·elle·s vont porter ces pièces, chacun·e à leur manière ! », conclut Glenn Martens, qui bénéficie d’une aura renforcée depuis sa nomination chez Maison Margiela, début 2025. « Au moment de créer cette collection, on ne savait pas qu’il allait chez Margiela ! Mais on sentait que quelque chose se tramait », se remémore Ann-Sofie Johansson, qui estime avoir eu de la chance niveau timing. H&M avait d’ailleurs collaboré avec la maison en 2012. « Je ne pouvais rien dire, mais après soixante-quinze Negroni, j’ai failli cracher le morceau ! », plaisante le designer dont les créations pour H&M arriveront en boutiques le 30 octobre.