Photo : Andreas Ohlund – Interview : Jessica Michault
A l’approche de ben Gorham, les rédactrices de mode rosissent. C’est un fait : grand brun barbu tatoué des pieds à la tête, le créateur de la marque de parfums Byredo a de quoi affoler. D’ailleurs, depuis la création de sa marque de parfums et lotions olfactives en 2006, le succès est total. Mais c’est avec une ligne de sacs que le Suédois est revenu chez colette cette fois-ci.
Vous étiez un créateur de parfums, maintenait de sacs, que se passe-t-il ?
C’est le monde libre ! C’est cool d’être une entreprise indépendante parce que tu peux faire ce qui te plaît ! Les parfums étaient, à un moment donné, une expérimentation et une aventure et aujourd’hui, pour moi c’est le cuir. Je ne pense pas tellement à relier les choses entre elles, le cuir est devenu une obsession et j’avais besoin d’apprendre à le manipuler.
Vous êtes-vous intéressé d’abord à la matière en elle-même et ensuite à la conception des sacs ?
Oui et la première phase a été mobile : récolter des informations, en apprendre plus sur la matière en elle-même et comment la travailler. La deuxième phase, qui était la plus difficile était de réaliser qu’à la différence du parfum qui a une force invisible, le cuir est quelque chose de très physique et de très visuel.
Au même titre que le parfum, le sac est un objet très personnel pour une femme, c’est toute sa vie ! Or, vous n’êtes pas une femme, avez-vous eu quelqu’un pour vous guider ?
J’ai grandi entouré de femmes : ma mère, mes sœurs, ma femme, mes filles, ma belle-mère… J’ai l’impression d’avoir naturellement une vision très féminine. Mais il est vrai que mon entourage a été formidable, qu’elles m’ont aidés à comprendre l’aspect fonctionnel du sac. Son aspect émotionnel je l’avais déjà compris.
Quel était cet aspect émotionnel ?
Beaucoup de femmes que je connais achètent des sacs régulièrement et elles avaient du mal à trouver quelque chose de simple. Je me suis concentré là-dessus, ainsi que sur un budget approprié. Pour moi ce sac ressemble à une femme. C’est une approche géométrique presque juvénile mais je voulais une silhouette limpide. Bien que j’aie compris la complexité des sacs à mains et leur statut dans la mode, j’aime l’idée de faire un sac indémodable que je continuerai à faire évoluer.
C’est votre première collection, ont-ils des noms ?
Oui, il y a neuf sacs, car il y a également des sacs de voyage plus gros, et ils ont tous des noms de femmes indiennes.
Pourquoi ?
Ce sont juste des noms indiens, que j’aimais bien et qui se sont retrouvés dans le processus. En plus je n’ai pas eu le droit d’appeler mes filles par des noms indiens !
Était-ce une façon de prendre votre revanche ? Quel est le nom de votre première création ?
Sima, ma troisième fille !
Les sacs seront-ils vendus avec les parfums ?
Oui, bien que ce soit des mondes différents, je pense que ça peut marcher. J’ai ouvert un magasin à New York au 62 Wooster Street à Soho en juin et je fais également des lunettes.
Vous êtes partout et vous n’avez peur de rien !
Exactement !