Nous sommes à Paris, sur l’esplanade du Palais de Tokyo où traîne une petite bande de skateurs aussi beaux que vénéneux. Parmi eux, Marie, Math (incroyable Lukas Ionesko), JP, Toff… Ils s’aiment, se détestent, se tournent autour, se séduisent, se rejettent. Certains se prostituent avec des riches dames et des messieurs respectables amateurs d’art. Tout semble glisser sur eux et pourtant rien ne semble les réconforter. Car ils sont avant tout condamnés par une solitude dévorante… Beaucoup murmurent que ce pourrait être le dernier film de Larry Clark et on serait tenté d’y croire – à regret. Car il rassemble là tous ses thèmes de prédilection (la jeunesse, le skate, la drogue, le sexe, la perversion, la mort) avec l’énergie du désespoir. On le voit jouer deux rôles pathétiques : celui de Rock Star, un SDF mascotte de cette bande de jeunes, et celui d’un fétichiste des pieds traumatisant. Esthétique, absolument, réfléchi mais aussi improvisé, The Smell Of Us distille son venin au fil de scènes mémorables, s’imposant comme l’un des meilleurs films de Larry Clark – et nous rappelant inévitablement le choc Kids de 1995.
Un texte de Sophie Rosemont.