S’ouvrant sur une pièce où est suspendue, impériale, une corniche dorée destituée de son emploi originel, l’exposition Ornementation Brutaliste ne se laisse pas facilement oublier. Tout comme son auteur, Mathias Kiss, qui sait comme personne transformer le brut en or. Et sans lui enlever de sa puissance.
Il faut dire que ses débuts remontent à loin. À 14 ans, il travaillait déjà de ses mains, comme apprenti de peintre vitrier. Très vite, il intègre les Compagnons. Pendant quinze ans, il participe activement à des chantiers sur des prestigieux monuments historiques tels l’Opéra Garnier ou le Louvre. Il acquiert de l’expérience, avec humilité et exaltation.
En 2000, nouvelle étape pour Mathias Kiss, dont la première exposition personnelle se tient à la galerie Teisso, à Paris. Deux ans plus tard, il fonde l’agence de design Attilalou avec le maître artisan Olivier Piel, qui se penche sur la décoration intérieure, ose des installations novatrices et des scénographies insolites. Collectionneurs d’art, musiciens, créateurs, designers… Ses clients ne jurent que par l’audace des propositions de ce studio.
En l’espace d’une décennie, Mathias Kiss s’est fait un nom en solo, grâce à l’engouement dont bénéficient certaines de ses créations comme le Miroir Froissé (qui détourne le concept de sculpture) ou les séries 90°Golden Snake. Doté d’une culture imparable, se moquant des tabous, il lie les expériences de l’art contemporain au respect des traditions architecturales. L’intime rencontre l’universel– en a témoigné La KissRoom en 2013, une chambre introspective créée pour durer 1000 nuits. Car Mathias Kiss connaît suffisamment bien le classicisme pour le twister, avec un sens aiguisé de la narration. Les ciels se peignent sur les murs, l’or est partout, les angles se jouent même du mobilier… Si le rendez-vous est à prendre cet été à la galerie NextLevel, mais une chose est sûre : il y en aura beaucoup d’autres à venir.
Jusqu’au 18 juillet, Ornementation Brutaliste à la NextLevel Galerie, 8 rue Charlot 75003 Paris.
Un texte de Sophie Rosemont