Markus Lüpertz est l’un des artistes les plus impressionnants de la peinture allemande. Il s’agit aussi d’un homme élégant, avec ces costumes taillés impeccablement, sa barbe blanche et sa petite boucle d’oreille. Dandy ? Pas vraiment, il travaille trop. Peintre mais aussi sculpteur, il est aujourd’hui célébré au Musée d’Art Moderne de Paris, qui lui a offert plusieurs salles et beaucoup d’espace pour exposer ses œuvres – qui ne sont pas du genre à se faire toute petites.
À la question « qu’attendez-vous de la peinture ? », il répond : « La peinture est culture, et qui dit culture dit substance du monde. La peinture fournit le vocabulaire pour rendre visible le monde. » En parcourant cette rétrospective (qui remonte le temps du plus récent aux années 60), on ne saurait mieux dire. Né en 1941, il a grandi dans l’ombre du nazisme, dont il exploite l’imagerie féroce dans certaines séries très impressionnantes. Couleurs d’une profondeur massive, réinterprétations de la mythologie, collages picturaux, réinterprétation des classiques comme Nicolas Poussin : il n’a jamais cessé de renouveler son propos. Lüpertz ne se laisse pas voir, il doit être observé.
Jusqu’au 19 juillet au Musée d’Art Moderne de Paris, 11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris
Un texte de Sophie Rosemont