Les curieuses curations de Thomas Erber

Article publié le 20 novembre 2015

Art

Texte : Lily Templeton

Après avoir fait escale à Londres, Berlin, New York et Bangkok, Thomas Erber et son Cabinet de Curiosité – une collection itinérante de pièces exceptionnelles – sont de retour à Paris, jusqu’au 24 décembre.

En 2010, quand Thomas Erber lance sa toute première édition de son Cabinet de Curiosité, chez colette, le terme fait référence à l’esprit des Lumières et la découverte d’horizons lointains. Au lieu des curiosités lointaines et des souvenirs de voyages d’antan, Erber collectionne les rencontres. Son idée maîtresse? Aux invités de proposer une pièce unique, une création destinée à des amateurs avisés et en quête de singularité. Le résultat, des éditions ultra-limitées, éditées au mieux à une poignée d’exemplaires. Il le dit lui-même, « tout ce qui figure ici, je l’ai aimé avant de le sélectionner. Il faut que l’objet qui en résulte découle de la rencontre. Ce CdC est une grande rencontre. »
Aujourd’hui, et après cinq escales, le Cabinet de Curiosité est une patte, presqu’un antidote à une création chloroformée par l’instantanéité. Un peu visionnaire, très curieux et surtout armé d’un flair redoutable quand il s’agit de traquer les talents, Thomas Erber a senti qu’en 2015, le luxe ne serait plus tant un objet cher qu’un objet rare que l’argent seul ne permet pas d’acquérir.
De la Vespa toute de cuir gainée de Bottega Conticelli aux poids recouverts de La Contrie, de la valise Hugo Matha à un casque urbain signé Egide Paris, des lettres découpées au laser de Nicolas Ouchenir à un délicat service en argent ouvragé par Christofle, d’un tirage de Daniel Sannwald à ceux de Jonathan Llense, ce néo-dandy fédère autour de lui non seulement des collaborateurs réguliers mais également un écosystème naissant d’artisans, d’artistes et d’amateurs de belle facture. « C’est le vrai réseau. Cet événement est une réponse à la digitalisation des relations humaines. Je sélectionne des amis, des créateurs, qui me parlent de leurs connaissances qui créent. » Art, mode ou design, sa sélection esquisse un bottin mondain de la création indépendante contemporaine. Rien que des petits bijoux de savoir-faire, dénichés par l’ancien journaliste lui-même ou recommandé par son réseau de têtes découvreuses.

Son but avoué, faire venir les gens plutôt que d’aller à eux via le digital, faire se rencontrer le collectionneur et ses futures acquisitions, créer des collisions entre des parcours créatifs. « Retrouver un œil de curateur et mettre en avant ce qu’on ne trouve pas ailleurs, sortir du digital pour venir dans le réel ? Internet donne accès à une foule d’information, cela sert en quelque sorte de filtre » résume-t-il.
Cette sixième édition marque un tournant, avec désormais trois lieux: le temple de la coolitude colette, Les Bains – l’incontournable ex-nouveau ce lieu où il faut être vu des nuits parisiennes – et l’espace protéiforme du Molière. A chaque adresse sa sélection, bijoux, mobilier, objets de mode ou objets d’art, installé selon un parcours d’Isabelle Stanislas. « Le Cabinet regroupe des produits et lieux hétéroclites, il fallait donc unifier. La scénographie ouvre les angles, dématérialise les espaces pour mettre en exergue chaque œuvre ; trouver non seulement une place mais également une lumière pour chaque objet, » explique la scénographe.

Prochaine destination ? Milan en 2016, Los Angeles en 2017 puis ailleurs avant de revenir à Paris pour une ultime édition qui clôturera cette radiographie d’une décennie créative. « Dix ans me suffiront. Ce projet, c’est un peu mon Apocalypse Now ! » glisse Thomas Erber avec humour. « Le Cabinet de Curiosité n’a pas de sponsors, le processus est donc complexe à monter. La distance joue aussi. Au bout de dix ans, j’estime que j’aurai accompli ce que j’avais à faire. Deux tours du monde, retour à Paris, pour une rétrospective 2010-2020 avec une centaine de créateurs qui auront défini leur époque. Ce seront les standards esthétiques de notre époque puisque j’aurais rencontré un bon millier de créateurs et visité les capitales du design mondial. »

Rendez-vous en 2020 à Paris, donc, pour le dernier Cabinet de Curiosité (et voir si nos prédictions se sont réalisées)

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