Au sein de l’immense et parfois inquiétant espace du Palais de Tokyo, se tiennent plusieurs expositions qui vous rendre l’été parisien beaucoup bien plus passionnant que prévu.
Commençons par le sous-sol, où se côtoient plusieurs artistes : Tianzhuo Chen, d’abord, jeune homme inspiré par l’hyper violence de nos médias actuels, la télé en tête, tout comme par le bouddhisme et l’esprit des raves parties. Evidemment, c’est scandaleux en Chine, son pays natal, et plusieurs transporteurs ont refusé de se charger du voyage de ses œuvres… Heureusement venues jusqu’à nous !
Autre artiste asiatique, Korakrit Arunanondcha, qui explore le thème du drone, du deuil et de la famille dans un espace sombre et dont le sol est recouvert de jean et de peintures. Expressif…
Un peu plus loin, il ne faut pas avoir peur de déambuler dans les tréfonds réaménagés par Jesper Just dans le cadre de son œuvre Servitude. Autour des figures du One World Trace Center, d’une petite fille handicapée et Dree Hemingway, les vidéos s’interconnectent et interrogent les stigmates d’une ville blessée comme un corps humain peut l’être.
Il est temps de remonter. Et de se laisser guider dans l’acquaalta de Céleste Boursier-Mougenot, où les flux sont retransmis et se mélangent, et où l’on peut se promener, en barque, sur des eaux sombres dignes du Styx ou de Charles Laughton. On s’y perd en s’y retrouvant toujours. Ultime étape : l’exposition consacrée au travail de Patrick Neu, la première d’une telle envergure. Soudain, on se retrouve dans un espace blanc, lumineux, qui contraste avec tous ceux que l’on vient de traverser. Le Paradis après les Enfers ? En tout cas, les œuvres de Neu sont divines, avec ces verres où il travaille la suie, reproduisant des grands tableaux de Bosch ou Rubens, une camisole de force en ailes d’abeilles, des dessins représentant des iris, éclos année après année, des ailes d’ange en cire, une armure de samouraï en cristal.
L’artiste ne compte pas ses heures, chaque œuvre demande de ce temps qui manque tant, celui qu’il faut pour vivre son art et pour le transmettre. Une beauté suprême, et la révélation de cette saison du Palais de Tokyo.
Jusqu’au 13 septembre au Palais de Tokyo, 13, avenue du Président Wilson, 75116 Paris
www.palaisdetokyo.com
Un texte de Sophie Rosemont