Chaque semaine, en collaboration avec le site deslettres.fr, Antidote publiera les lettres d’amour de personnalités, qui nous ont touché, ému ou amusé. Aujourd’hui, celle du poète et écrivain Oscar Wilde à son amant, poète également, Alfred Douglas.
« Pour vous, vous avez donné la beauté de la vie à mon passé et vous embellirez de même mon avenir si je dois en avoir un. C’est pourquoi je vous saurai éternellement gré de m’avoir inspiré amour et adoration. Ces jours de plaisir ont été notre aurore. A présent, dans l’angoisse et la peine, dans la tristesse et dans l’humiliation, je sens que mon amour pour vous, votre amour pour moi, sont les deux pôles de la vie, les sentiments divins qui rendent cette amertume supportable. Jamais, de toute ma vie, personne ne me fut plus cher que vous ; jamais amour ne fut plus grand, plus sacré, plus splendide…
Cher petit, au sein des plaisirs comme en prison, vous et penser à vous ont été tout pour moi. Oh, gardez-moi toujours dans votre coeur ; vous n’êtes jamais absent du mien. Je pense à vous beaucoup plus qu’à moi-même et si, parfois, la pensée de mon horrible et infâme souffrance vient me torturer, le seul fait de penser à vous suffit à me rendre mes forces et à panser mes plaies. Que la destinée Némésis ou les injustes dieux reçoivent seuls le blâme pour tout ce qui m’arrive.
Tout grand amour comporte une tragédie et c’est maintenant le tour du nôtre ; mais vous avoir connu, vous avoir aimé d’une tendresse si profonde, vous avoir eu pendant une partie de ma vie, la seule partie que j’estime à présent magnifique, est suffisant pour moi. Ma passion est à court de mots, mais vous, vous seul pouvez me comprendre. Nos âmes étaient faites l’une pour l’autre et, en connaissant la vôtre par l’amour, la mienne a surpassé mille maux, a compris la perfection et pénétré dans la divine essence des choses.
La douleur, quand elle vient, ne peut durer toujours ; il est certain qu’un jour nous nous retrouverons et, mon visage eût-il pris le masque de la tristesse, mon corps fût-il épuisé par la solitude, vous et vous seul reconnaîtrez l’âme qui est plus belle pour avoir connu la vôtre, l’âme de l’artiste qui trouva son idéal en vous, celle de l’amoureux de beauté à qui vous apparûtes comme un être sans faille, comme un être parfait. Ici je pense à vous comme à un ange aux cheveux d’or, ayant en lui le cœur même du Christ. Je sais à présent de combien l’amour est plus grand que tout au monde. Vous m’avez appris le secret divin de l’univers. »
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