La nouvelle saison de la Maison Européenne de la Photographie est à voir absolument. Parmi les quatre (excellentes) expositions parsemées ici et là dans le joli bâtiment de la rue de Fourcy, dans le Marais, nous nous sommes attardés chez Harry Gruyaert et Gérard Rondeau. Deux photographes a priori aux antipodes mais qui, chacun à leur manière, réinventent notre identité – par ce qui nous entoure ou ce que nous sommes. L’un manie la couleur avec éclat et densité, l’autre voit le noir et blanc avec une clairvoyance confondante. Lorsque Gruyaert dit : « Il s’agit d’une vraie bagarre avec la réalité, une sorte de transe pour enregistrer une image ou peut-être tout manquer. C’est dans cette bagarre que je me situe le mieux », on le croit sur parole. En témoignent ses paysages à la fois banals et insensés des plages du Nord ou des salles de transit d’aéroport. Rondeau, lui, cultive l’autofiction (la photographie de sa bibliothèque nous parle particulièrement) mais aussi le portrait. On y rencontre des personnages comme Roy Lichtenstein ou Anna Mouglalis et des villes parfois dévastées par la guerre (Sarajevo). Une fois encore, la MEP vient de lancer une belle saison…
Jusqu’au 14 juin Harry Gruyaert et Gérard Rondeau , au bord de l’ombre à la Maison Européeenne de la Photographie , 5, rue de Fourcy, 75004 Paris
Un texte de Sophie Rosemont