Stars et polaroïds : les portraits de Gus Van Sant à la Cinémathèque
Article publié le 22 avril 2016
À l’heure où la Cinémathèque célèbre le grand réalisateur américain, nous nous sommes penchés sur un sublime livre de photos sorti en 1992 qui concentre toutes ses obsessions : l’adolescence, la beauté et la mélancolie.
On le sait, Gus Van Sant parle peu, mais il sait regarder. Il suffit pour s’en convaincre de revoir sa façon de pointer avec amour sa caméra sur River Phoenix et Keanu Reeves dans My Own Private Idaho, Matt Dillon dans Drugstore Cowboy ou encore Michael Pitt, en sosie de Kurt Cobain, dans Last Days. Sa vision est aussi belle que sans jugement. Alors qu’il aborde les mêmes thèmes que Larry Clark et que la contre-culture en général : toxicomanie, prostitution, sexualité sans frontières, il le fait pourtant avec poésie et pudeur.

Keanu Reeves et River Phoenix dans My Own Private Idaho de Gus Van Sant, 1991.
Courtesy of Warner Bros Inc.
C’est cette vision qu’on retrouve dans une série de photos en noir et blanc qu’il a réalisé au début des années 90. Chaque personne qu’il a choisi d’immortaliser pose face caméra, dans une lumière tamisée et un noir et blanc intimiste, peu contrasté. Gus Van Sant a commencé ce travail photo en shootant (au polaroïd) les auditions de Drugstore Cowboy et My Own Private Idaho, avant que cet art ne prenne de l’ampleur. Il prend alors des photos de quelques uns des visages les attachants des années 90 comme Sofia Coppola, Patricia Arquette, Drew Barrymore, River Phoenix, Balthazar Getty, Kevin Dillon, Keanu Reeves mais aussi de figures irrévérencieuses comme William Burroughs et Allen Ginsberg.
Dans son livre 108 Portraits, publié en 1992, on retrouve compilées quelque uns de ces clichés authentiques et émouvants de stars – pour la plus part en devenir-, mais aussi d’inconnus à la dégaine très rock qui nous rappelle pourquoi la jeunesse et l’esthétique 90’s ne mourront jamais.
L’exposition « Gus Van Sant / Icônes » est à découvrir à la Cinémathèque, 51, rue de Bercy, 75012 Paris, jusqu’au 31 juillet 2016.
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