Pourquoi le lexique de roi du pop art est un livre que nous devrions tous laisser traîner sur notre table basse. Par Violaine Schütz.
On ne lit pas « Ma philosophie de A à B et vice versa » du pape du pop art, de A à Z et dans l’ordre. Comme un recueil de poèmes qui trône sur la table de chevet, on en lit quelques lignes au hasard et on laisse agir les mots. Exposant différentes anecdotes du peintre à la fois drôles et profondes, cet essai donne en effet beaucoup à penser. Composé de conversations enregistrées sur magnétophone (qu’il considérait comme sa femme), il nous fait part de ses réflexions sur l’Amérique des années soixante et soixante-dix, la société en général, la télévision, les stars et l’art. Au fil des pages, se dessine une véritable vision (philosophie) de la vie qu’on pourrait se résumer par « rien et son contraire », soit la vie est rien. Rien n’est rien. Tout est rien. « A » représente en fait un individu (l’artiste) qui entretient avec les autres (les « B ») des rapports qui lui permettent de faire passer le temps. « B est n’importe qui et je ne suis personne ». Andy nous dit ni oui, ni non en somme.
La phrase à ressortir dans un dîner : Ou bien : « Quand les gens découvraient le sexe à quinze ans et mouraient à trente-cinq, ils avaient évidemment moins de problèmes que ceux d’aujourd’hui, qui découvrent le sexe vers huit ans et vivent jusqu’à quatre-vingts ans. C’est bien long pour manier un seul concept. »
Le trait de génie : « B : Est-ce qu’il pleut ?
A : Je crois qu’on nous crache dessus.
Ma philosophie de A à B et vice-versa (1975)
D’Andy Warhol
217 pages
Aux éditions Flammarion