Le réalisateur culte John Waters vient de publier « Mr. Know-It-All : The Tarnished Wisdom of a Filth Elder » : un ouvrage dans lequel il revient sur les anecdotes piquantes qui ont émaillé sa carrière cinématographique, prodigue ses conseils à la jeune génération et se dévoile avec honnêteté sur ses expériences passées.
Après Make Trouble, un appel à la désobéissance publié en 2017, et Carsick, dans lequel il raconte son improbable road trip à travers les États-Unis, marqué par sa rencontre avec un groupe de rock et un politicien républicain, John Waters est de retour avec un septième livre intitulé Mr. Know-It-All : The Tarnished Wisdom of a Filth Elder. Un ouvrage dans lequel le cinéaste et acteur américain se remémore son passé avec une extrême franchise.
Sur l’illustration qui fait office de première de couverture, la silhouette filiforme et élancée de ce dandy aux lèvres surplombées d’une moustache ultra-fine, comme tracée au feutre noir, apparaît installée sur un trône. Une couronne sur la tête, celui que l’on surnomme « le Prince du vomi » s’offre une connotation royale supplémentaire avec le sceptre qu’il tient dans sa main gauche et lève l’index de l’autre, jouant les grands sages. Il faut dire que « Mr. Know-It-All », qui se traduit en français par « M. Je-Sais-Tout », se situe à mi-chemin entre le livre de conseils et les mémoires. Car entre ses souvenirs et ses hommages – notamment à Andy Warhol -, John Waters distille, au fil des pages, de précieux tips à ceux qui rêvent, par exemple, de devenir réalisateurs.
Photo : John Waters, Mr. Know-It-All : The Tarnished Wisdom of a Filth Elder.
Né d’un désir irrépressible de transmettre, son nouveau livre est construit autour de chapitres autonomes dédiés à des sujets divers et variés, allant de ses souvenirs de tournage à ses goûts musicaux, en passant par son amour pour l’architecture brutaliste et ses trajets en première classe dans les avions. Parmi eux, plusieurs sont également consacrés aux longs métrages exubérants qui ont forgé sa réputation de réalisateur culte. Ainsi, un chapitre entier est consacré à Hairspray (1988), comédie musicale hilarante avec, en vedette, l’acteur fétiche de John Waters : la flamboyante drag queen Divine. Un autre revient quant à lui sur le grotesque Polyester (1981), dans lequel Divine campe Francine, une mère de famille confrontée à un fils fétichiste des pieds, un mari pornographe et une fille dévergondée. Un autre encore se concentre sur Cry-Baby (1990), un des premiers films à avoir révélé Johnny Depp, tourné dans la ville de naissance de John Waters, Baltimore, comme tous ses autres long métrages.
Grand représentant du cinéma underground et souvent qualifié de provocateur, « le pape du trash » (un autre surnom, que lui a donné l’écrivain William S. Burroughs) partage aussi ses destinations de vacances favorites, révèle ce qu’il pense de Hollywood ou évoque la meilleure manière de dire « je t’aime » selon lui. Le livre comprend également son lot d’anecdotes sulfureuses, dont celle retraçant son trip sous LSD à l’âge de 70 ans avec son amie l’actrice Mink Stole, figure incontournable du crew des « Dreamleaders » qui gravite autour de lui et composé notamment de l’acteur David Lochary, décédé en 1977 ou encore de Mary Vivian Pearce et, bien-sûr, de Divine. Un ouvrage dans le prolongement de l’œuvre de John Waters, qui n’a pas sorti de film depuis A Dirty Shame en 2004, marqué par la même excentricité teintée d’humour caustique qui a fait son succès.