Son quatrième film, Life, qui évoque la relation entre un photographe et une star (en l’occurrence James Dean), sera dans les salles en septembre. Juste avant cette nouvelle étape cinématographique, le cultissime photographe a décidé de faire une pause (éphémère ou pérenne, seul le temps nous le dira). Et, pour souligner le rôle déterminant qu’il a tenu dans l’imagerie rock depuis les années 70, nous offre ce sublime 1-2-3-4 – fidèle au nombre de décennies passées à shooter Mick Jagger, Jeff Buckey, Siouxsie Sioux, Nirvana, Tom Waits, Courtney Love, Patti Smith, Michael Stipe… Ils sont tous là, leur charisme transcendé par le noir & blanc si distinctif d’Anton Corbijn – un noir & blanc qui nous avait d’ailleurs coupé le souffle lors de son premier long-métrage, Control (2007).
Accompagnés de textes parfois très touchants des artistes, souvent devenus des amis – à l’instar de Nick Cave qui se souvient d’une séance photo avec son fils dans un jardin anglais – 1-2-3-4 est plus qu’un simple livre de photos, il est aussi un témoignage de ce qu’a été jadis la musique, de ce qu’elle lutte pour être encore : un art de liberté et d’engagement, de nonchalance et de rage, d’amour et de haine. Un art qui, en quelques riffs seulement, peut changer notre vie. Le rock’n’roll d’Anton Corbijn est celui dont on rêve tous, et celui auquel on croit.
Anton Corbijn, 1-2-3-4, éditions Xavier Barral.
Un Texte de Sophie Rosemont