Après 4 ans de rénovation, le Ritz rouvre officiellement ses portes au public cette semaine. Le Palace de la Place Vendôme conserve le charme d’un Paris fantasmé façon Woody Allen. Mais un spa Chanel, une galerie de boutiques, un club très privé, trois restaurants et des bartenders à la pointe suffiront-ils à en faire un endroit incontournable ?
On a tous en tête le Ritz de quelqu’un. Celui d’Oscar Wilde, qui n’aimait pas les ascenseurs qui paraît-il “filaient trop vite”, celui de Lady Di et sa funeste destinée ou celui de Kate Moss et de ses nombreuses apparitions paparazzées sur le parvis de l’hôtel. Enfin, il y a aussi, incontournable, celui de Coco Chanel, auquel l’hôtel rend dans sa nouvelle version un hommage appuyé. Commençons par là. Coco Chanel a habité 37 ans à l’hôtel et s’y sentait “ comme à la maison”.
Le Spa ouvert en collaboration avec la marque de la rue Cambon a été conçu autour du chiffre fétiche de la célèbre couturière, le numéro 5. Un espace luxueux, aux belles promesses, qui devrait faire plaisir à la clientèle de l’hôtel et surtout caresser dans le sens du poil ou tout du moins rajouter du poids dans la balance en faveur du Ritz pour que l’hôtel obtienne, enfin, l’appellation de “Palace” qui lui avait été refusée en 2011 juste avant la fermeture pour travaux. Le spa Chanel ne peut pas être à lui seul une locomotive, mais le Ritz a aussi restauré, bien évidemment, sa piscine couverte et chauffée. Le coiffeur David Mallet, dont le salon parisien se classe parmi les meilleurs de la capitale, y disposera également d’un espace. Tentant, quand même.
La mythique piscine couverte et chauffée du Ritz s’offre elle aussi une nouvelle jeunesse.
L’ensemble des prestations proposées par le Ritz seront accessibles aux clients de l’hôtel et aux quelque 500 futurs membres du Ritz Club Paris qui, pour un abonnement de 7000€ annuel, pourront entre autres bénéficier de cours d’aqua gym, de fitness et d’un suivi d’entraînement physique personnalisé. Parce que le corps est le nouveau luxe.
DE PASSAGE ?
On ne veut pas s’attarder. Profiter d’un hôtel, c’est aussi y manger, ou y boire. Le nouveau restaurant l’Espadon revendique un jeune chef étoilé (Nicolas Sale) qui vient de Courchevel et va faire des merveilles à la table de l’hôtel. Côté débit de boisson, le 5 étoiles essaie d’allier tradition et modernité, à l’image de toute la rénovation. Vous voulez un bar d’époque, des boiseries, des fauteuils desquels on a du mal à se relever mais qui promettent une atmosphère feutrée et propice à la confidence aussi bien professionelle que sentimentale ? Demandez le Bar Hemingway, confié au prodige du cocktail Colin Field, élu meilleur barman du monde par le magazine Forbes pour ceux qui doutent.
Le Bar Hemingway est dédié à l’écrivain américain qui y avait élu domicile. On y boit un verre entre 18h et 2h du matin.
Plus moderne, et ouvert toute la journée, le Ritz Bar sera sous la houlette d’Aurélie Pezet, jeune bartender passée par le Bristol. La vraie surprise du Ritz, au-delà des bars qui promettent une ambiance calfeutrée et chic, à l’image de nombreux beaux hôtels concurrents, c’est l’incroyable jardin de 1600 m2 aménagé au coeur de l’hôtel qui nous attirera. Au moins la première fois.
À LA CONQUÊTE DU PARIS BRANCHÉ
Situé dans le quartier de l’Opéra, le Ritz jouit d’ores et déjà d’une réputation qui lui permet d’avoir une aura internationale et de séduire une clientèle exigeante. Si l’hôtel est connu pour être le favori de Kate Moss à chacune de ses descentes dans la capitale, nul doute que le 5 étoiles va essayer de séduire une clientèle parisienne branchée qui est celle qui va en faire un lieu où se passe les choses. La Fashion Week homme qui se déroule à Paris du 22 au 26 juin prochain sera donc un bel essai à transformer pour l’hôtel, en attendant la semaine de la couture en juillet puis le grand bal du prêt-à-porter féminin de septembre. De nombreuses marques organiseront notamment des événements dans les salons de l’hôtel dès le mois de juin.
La Galerie, rénovée, accueille de nouvelles boutiques à l’instar de Maison Ullens ou Alexis Mabille.
Ce qui porterait à croire que quand un hôtel vient d’ouvrir, il est le lieu de toutes les convergences festives. L’hôtel est-il pour autant un potentiel lieu tendance ? Il fera tout pour avec sa galerie conçue comme un passage parisien au sein de laquelle des boutiques ouvriront des points de vente qu’elles espèrent devenir emblématiques, grâce à l’adresse du 15 Place Vendôme, forcément. Plusieurs marques de mode y seront représentées mais certaines auront la chance d’avoir des boutiques privées, comme la marque belge de prêt-à-porter Maison Ullens, le couturier Alexis Mabille, les joailliers Tasaki et Reza mais aussi la marque italienne de sacs Colombia Via Della Spiga.
La Junior Suite Deluxe de 65m2 est proposée à partir de 2500€ la nuitée.
LE PARIS DE WOODY ALLEN
Dormir au Ritz, on ne l’envisage pas tellement. A plus de 1000 euros la nuit pour une chambre de 35m2, et plus pour les suivantes, les 71 chambres séduiront une clientèle majoritairement étrangère, avide d’un luxe très français, volontairement conservé lors de cette rénovation. Outre les beaux événements et la caution branchée que le Ritz va essayer d’acquérir au fil des mois, l’excellence et l’art de vivre à la Française est finalement ce qui nous charme le plus dans la réouverture de cet hôtel emblématique de la place Vendôme.
Et ce qu’on espérera y trouver lorsque l’on viendra se bercer d’un doux cliché parisien comme l’aiment les touristes du quartier de l’Opéra. C’est le Paris de Woody Allen dans Midnight in Paris, les serveurs en livrée, une moquette épaisse, et ces fameux rideaux bleu “Ritz” qui n’ont pas bougé.
Car en quatre ans, de nombreux hôtels à taille plus humaine, d’un luxe plus accessible et plus moderne ont ouvert. Pendant que le Ritz se faisait une beauté, ce sont eux (Hôtel Edgar, Hôtel Providence, Hôtel du Temps, Hôtel Bachaumont, Hôtel Panache, Hôtel Grand Amour,..) qui ont obtenu nos suffrages pour tout ce qui est boisson et restauration et le Ritz, séduisant et unique en son genre, viendra peut-être titiller ces nouvelles habitudes mais pas les bouleverser.