Pour le dernier numéro d’Antidote, The Digital Issue, le studio créatif Golgotha a fait équipe avec le photographe Daniel Sannwald pour un résultat des plus innovants.
Jonglant entre scénographie, modélisation 3D et design textile, les différentes collaborations d’Antoine Aillot, Marvin DeDeus Ganhitas et Guillaume Hugon, les trois membres de Golgotha, élargissent le champs des possibles de l’art graphique.
Rencontre avec le trio au nom mystique et à l’univers décalé qui laissera certainement son empreinte digitale sur sa génération.
Vous avez tous les trois étudié à l’EnSAD. Pouvez-vous revenir sur votre rencontre artistique ? Qu’est-ce qui vous a rapproché et comment vous est venue l’idée de monter un studio ensemble?
Nous nous sommes effectivement rencontrés aux Arts Décoratifs, les choses se sont faites assez naturellement.
Très tôt nous avons senti des connexions qui nous reliaient culturellement parlant. De cette sympathie mutuelle et après de longues discussions est née une amitié.
Nous avions pris l’habitude de travailler ensemble sur les projets scolaires et extra-scolaires, c’est donc en toute logique que l’idée d’un studio s’est imposée.
Quel projet a eu l’impact le plus important pour votre studio, et pourquoi ?
D’abord il y a eu le diplôme, qui a été décisif pour nous. C’était la preuve que nous tenions notre méthodologie de travail. Puis une fois sortis des études, nous avons rapidement travaillé avec le styliste Julian Zigerli sur l’une de ses collections.
Au-delà du fait que cette collaboration fut notre premier projet, elle représentait l’opportunité d’étendre notre champ d’activité à un terrain encore inconnu.
De plus, la chance fut de notre côté, car cette collection fut présentée au Armani Teatro et bénéficia d’une riche médiatisation (Vogue, Elle, Fucking young, PureTrend, entre autres), qui nous fut vraiment profitable et nous ouvrit les portes à pleins de beaux projets.
Cette première expérience a enrichit le lien fort que vous entretenez avec la mode. Que vous a-t-elle apporté ?
Cette toute première expérience professionnelle, intimement liée à la mode, ne cesse depuis de rythmer notre parcours. Notre collaboration avec Julian Zigerli était un projet de grande ampleur puisqu’au delà de la conception d’imprimés, nous avons conçu des vidéos et un espace d’exposition qui sont venus enrichir la collection et l’ancrer dans un univers. Aussi, ce fut une grande chance qu’elle puisse être présentée dans un endroit aussi reconnu que le Armani Teatro !
Grâce à cette expérience, nous avons par la suite développé une relation étroite avec la mode, notamment avec Andrea Crews (nous avons collaboré deux années de suite !), et plus récemment avec Amélie Pichard. Par ailleurs, d’autres collaborations sont à venir.
Selon vous, en quoi l’art digital influence-t-il la conception graphique ?
L’art digital est une influence au même titre que toute autre forme artistique. Il est juste plus récent et donc au centre de l’attention. C’est en toute logique qu’il implique des questionnements sur sa conception de manière générale, et donc plus particulièrement sur la conception graphique.
Pour nous il n’y a aucune obligation de se plier à ce mouvement puisque nous sommes nés avec un ordinateur en guise d’animal de compagnie. Aujourd’hui c’est notre principal outil de travail, cela nous parait donc très familier et très naturel d’aller dans ce sens.
L’art digital ouvre également de nombreuses portes à des solutions graphiques auxquelles il était difficile d’accéder auparavant sans y être formé. C’est par exemple le cas de la vidéo ou de la 3D, qui deviennent des outils de conception au même titre que Photoshop ou Indesign.
Le digital et l’informatique sont encore aujourd’hui souvent perçus comme les antithèses de la créativité. Quels seraient vos arguments à l’encontre de ce préjugé ?
Il nous semble improbable de réfuter la relation entre une révolution culturelle et la culture-même. Ne pas prendre en compte ce paramètre comme un outil propre à la création serait tristement anachronique et reviendrait à se fermer à l’époque dans laquelle nous vivons et partageons tous aujourd’hui.
Vous avez collaboré avec Daniel Sannwald sur le dernier numéro du Magazine Antidote, « The Digital Issue ». Comment est née cette collaboration, et comment s’est déroulé le processus créatif ?
Daniel nous a contacté après avoir vu la vidéo de notre collection avec Julian Zigerli, et nous a donc proposé de travailler ensemble sur une série de photos pour Antidote Magazine. De notre côté, nous connaissions déjà le travail de Daniel, étions donc très contents de collaborer avec lui sur un projet aussi excitant. Il nous a offert carte blanche et ensemble, après plusieurs échanges nous sommes arrivés au résultat connu. De cette expérience est née une relation de confiance et aujourd’hui nous poursuivons notre collaboration sur plusieurs projets.
Quelles passions partagez-vous en dehors de l’art, et en quoi influencent-elles votre travail ?
Nous sommes très alertes sur ce qui nous entoure, et partageons beaucoup de points communs sur ce qui fait l’actualité culturelle : le cinéma, la musique, les jeux vidéos, les clips musicaux, de manière générale sont souvent au centre de nos discussions et nourrissent notre travail.
Interview de Alie Suvelor