Roland Barthes disait que la mode est un langage. Le printemps-été 2015 et les six couvertures du nouvel Antidote en offrent une belle démonstration : les vêtements nous ont rarement autant parlé.
Du rouge, couleur sang ou amour – à notre convenance – appliqué sur une robe à l’esthétique rétro-futuriste (Emily DiDonato en Louis Vuitton).
Des rayures qui ont osé dépasser le stade de la marinière, arborant de multiples couleurs et des largeurs éclectiques (Gigi Hadid en Sonia Rykiel).
Des couleurs primaires, celles de Mondrian, de Lichtenstein et du pop art, mais aussi des peintres du début du 20e siècle. Déposées façon atelier de peintre, elle instaure le vêtement comme outil arty (Sean O’Pry en Dior Homme ou Sasha Luss en Chanel).
Les fleurs s’adressent également à nous, façon tissu d’intérieur avec coutures apparentes, tel un vibrant hommage à l’artisanat (Liu Wen en Prada).
La chevelure plaquée-mouillée (nom de code : Wet Look) connaît un retour en grâce pour le moins opportun lorsqu’on voit le vent de liberté souffler enfin sur la mode. La tête sous l’eau ? Jamais, plutôt recouverte d’un casque brillant et lisse.
Les seventies ont la part belle, tout comme l’allure nomade tendance ethnique (Myles Crosby en Loewe).
Le classicisme garde la tête haute mais prend un tour iconoclaste à l’ère du digital ! En 2015, l’austérité ne s’impose que par petites touches savamment distillées… et la joie de vivre est le mantra à suivre aveuglement.
Un texte de Sophie Rosemont.