Ou plutôt in blues. Après une succession d’albums guère enthousiasmants, revoici Marilyn Manson avec The Pale Emperor. Empereur, oui, blanc immaculé, aussi. Même flouté au point de devenir méconnaissable. Mais le son de ce dix-neuvième album est une belle surprise. Du blues âpre de « Killing Strangers » à la langueur caverneuse d’« Odds of Even » en passant par des « Deep Six » et des « The Devil Beneath My feet » où brille l’habituel heavy metal cher à Manson, tout est admirablement construit… Et troublant. En effet, Marilyn Manson est sans aucun doute au seuil d’une nouvelle ère. Car il s’éloigne de plus en plus de l’Antichrist Superstar, ce personnage sophistiqué et vénéneux qui lui avait valu l’admiration d’adolescents impressionnables (comme les lycéens meurtriers de Columbine) et la ferveur d’amateurs de satanisme. Mais aussi l’affection de nombreux mélomanes : comment mettre en sourdine son talent réel à la mélodie, et ses textes à la fois opaques et sincères? Tout en dénonçant l’amour irrationnel des Américains pour les armes à feu, The Pale Emperor témoigne d’un réel besoin d’apaisement, d’épure, et, sans lâcher l’électrique, nous tient des beaux discours vénéneux.
Marilyn Manson, The Pale Emperor, Cooking Vinyl. En concert au Helfest Festival le samedi 20 juin.
Un texte de Sophie Rosemont