Ils ravivent une mode sexy inspirée des playmates des années 1990. Avec leur griffe DAISY portée par Lotta Volkova, Bella Hadid et Kendall Jenner, Renaissance et Gibson Fox fusionnent les cultures et réinventent le modèle du label émergent.
Marc Jacobs chez Louis Vuitton, les grandes heures d’Hugh Hefner, Mia Wallace ou un costume tyrolien, chaque collection évoque une série de références populaires ou personnelles. Gibson et Renaissance Fox, le couple derrière DAISY, ont fait de cette sulfureuse rencontre des cultures la signature de leur jeune marque lancée en 2015 à Sydney. Ce duo créatif, dont l’allure tranche radicalement avec celle de la scène locale, place la capitale australienne sur la carte de la mode ; à coups de robes corsetées, de cristaux bling et de satin trop transparent pour n’être que romantique.
La muse Daisy hésite entre un roman de Jane Austen et une rave party libertine. Elle a un visage, celui du mannequin Hannah Elyse au teint blême et au tatouage suggestif. Elle s’illustre une fois de plus dans les derniers visuels de la marque imaginés pour leur collection « Heart-Shaped » et dévoilés en exclusivité sur MagazineAntidote.com. Dans cet entretien, Renee Fox revient sur l’origine du succès du label, raconte comment Internet peut changer la destinée d’une marque lancée loin des capitales de la mode et évoque la création d’une garde-robe mini-DAISY pour North West.
Où vous êtes-vous rencontrés ?
Gibson est photographe et je travaillais pour ma part en tant que styliste à Sydney quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Nous avons travaillé ensemble pour différents magazines et créateurs pendant quelques années avant de lancer DAISY. C’était un départ très romantique.
Pourquoi avez-vous ressenti le besoin de lancer votre marque, à l’heure où le marché est inondé de labels émergents ?
Lors de notre lune de miel, nous sommes allés chez Opening Ceremony et l’un des membres du personnel a flashé sur mon ensemble couleur peau de vache. Ils nous ont trouvé sur Instagram et ont immédiatement référencé notre première collection.
La saison suivante, nous avons voyagé à New York et y avons rencontrés la photographe Petra Collins, ce qui a conduit à notre projet suivant baptisé « Heavenly Bodies » : une série de portraits réalisés avec Petra et une autre photographe Moni Haworth. Nous avons été extrêmement chanceux et avons eu la chance de rencontrer d’incroyables opportunités sur notre chemin.
Pourquoi DAISY ?
Daisy est un surnom que Gibson m’a toujours donné. Il nous semblait être le titre parfait pour ce projet qui nous est à la fois intime et personnel.
Vos collections semblent fusionner les cultures, qu’en est-il ?
Par le passé, nous avons exploré la rencontre de la pureté et de l’érotisme, du médiéval et du moderne, du bon et du diabolique. Notre dernière collection « Heart-Shaped » s’inspire des relations à distance et de la façon dont l’amour peut être transformé par le traumatisme d’une séparation.
Quand la proximité est restreinte, les couples expérimentent des relations sexuelles virtuelles et nous nous sommes intéressés à la façon dont ils explorent le voyeurisme dans leur propre intimité. Le strip-tease et les cam girls ont aussi beaucoup influencé la collection.
Elles sont particulièrement sexy à l’heure où la mode préfère une silhouette davantage unisexe, pourquoi ?
Nous avons fondé DAISY sur la façon dont j’aime m’habiller. Les playmates de Playboy ont été formatrices pendant mon adolescence dans les années 90. Elles sont en partie responsable des tendances provocatrices de ma garde-robe, mais avec DAISY, il ne s’agit pas d’être ultra-féminin. On tempère souvent le côté érotique avec quelque chose d’inattendu. Il y a des références historiques et d’autres éléments plus émotionnels qui entrent en jeu également.
Quelle est votre définition de la féminité ?
Elle est différente pour chacun, c’est pourquoi je la crois impossible à définir. Pour moi, elle a rapport avec la sexualité et la façon dont chacun choisit de l’exprimer. Et cela dépasse les clichés et stéréotypes. Il y a autant de formes de féminité qu’il y a d’étoiles dans l’univers.
Comment Kim Kardashian a-t-elle découvert votre marque ?
Nous scrollions notre feed Instagram lorsqu’on est tombés sur Kim dans un look de notre première collection. Nous n’avons aucune idée de la façon dont elle nous a trouvés. C’était plutôt incroyable pour nous à l’époque, nous n’avions aucune notoriété en ligne et ce n’était pas vraiment un choix conventionnel pour une Kardashian. Cette combinaison inattendue a créé un tourbillon quasi-mystique autour de DAISY, et ce particulièrement en Australie.
Nous nous sommes finalement retrouvés à créer des looks sur-mesure pour Kim et même du mini-DAISY pour North.
Votre muse de toujours est le mannequin Hannah Elyse, pourquoi l’avoir choisie elle ? Pour vos racines australiennes communes ?
Nous avons tous les trois commencé au même moment. On est tombés amoureux. Elle est unique en son genre. Tout ce qu’on a fait ensemble jusqu’à maintenant nous a toujours semblé frais et inédit.
Sydney n’est pas vraiment sur la carte de la mode, comment se déroule le lancement d’une marque loin des capitales de l’industrie ?
Ça n’a pas été facile. Le marché australien a mis longtemps avant d’accepter DAISY. Notre esthétique tranche avec celle de la scène mode locale. Les Etats-Unis sont devenus notre deuxième maison et la communauté qui s’est créée autour de la marque là-bas nous a vraiment servi de socle pour construire DAISY. Nous devons vraiment beaucoup également à Internet et à l’opportunité qu’il donne aux créateurs de niche. Cela nous a offert de nombreux moyens de mise en relation et de soutien auxquels nous n’aurions jamais eu accès autrement.
Les visuels de la marque sont toujours très précis, à qui les confiez-vous ?
On dessine, photographie et produit tout nous même. Nous sommes convaincus que c’est en étant responsable de chacun des éléments que le résultat incarne notre concept de la façon la plus pure possible.
Vous avez renoncé au calendrier de la mode au profit de collections capsules, pourquoi ?
Nous passons beaucoup de temps à développer un thème majeur et à shooter la collection. Nous faisons évoluer ce concept à travers des collections capsule tout au long de l’année, ce afin de pouvoir développer nos pièces préférées et pour jouir de davantage de liberté. Nous exportons la marque sur les deux hémisphères, alors les saisons traditionnelles basées sur le climat ne nous semblent pas vraiment pertinentes.
Bientôt une ligne homme ?
Un jour peut-être l’ambassadeur parfait se présentera et nous inspirera pour créer une catégorie nouvelle. Il y a bien sûr des hommes que nous adorerions habiller mais c’est encore pour de l’ordre du rêve.