Dans les Gender Studies comme dans la mode, le genre fait l’objet de longs débats et de tentatives de déconstruction : performance ou sens identitaire inné, nature ou culture ? Devient-on femme précisément au moment où l’on enfile une robe, pour citer Judith Butler, papesse de ce champ d’études, ou au contraire, cette robe exprimerait-t-elle une existence genrée pré-écrite?

Pour la marque italienne Genny, son élégance viserait à célébrer une féminité “authentique”, “naturelle”, différente de l’homme mais jamais subalterne. Elle s’inscrit dans histoire de mode italienne qui ne cherche pas à décloisonner les différences mais les célèbre, pour en faire une force. Lancée en 1962 par Arnaldo et Donatella Girombelli, c’est Gianni Versace, nommé directeur artistique de la maison en 1973, qui insuffle cette vision sexy et assumée.

Aujourd’hui, c’est au tour de Sara Cavazza Facchini, aujourd’hui aux rênes créatives de la griffe, d’y apporter sa vision personnelle de l’éternel féminin. Antidote l’a rencontrée et a parlé de conscience, d’écologie et de Made in Italy.

Votre mode se veut proposer des collections à la fois sexy et fortes. Quel point commun ont ces deux qualités?
Ces deux valeurs sont étroitement liées. Une femme se doit d’être à la fois forte et sexy. C’est d’ailleurs l’essence même du féminisme. J’y vois là une forme d’idéal, la volonté de rester authentiquement soi-même, de célébrer la profondeur de sa vraie nature, tout en poursuivant un quotidien actif – sans jamais compromettre qui l’on est réellement. Je fais rimer force et femme sans trahir l’un ou l’autre.

Comment exprimez-vous cet ADN dans vos créations?
J’imagine des vêtements qui n’enferment pas le corps, mais qui accentuent sa silhouette, son harmonie. Je veille à mettre l’accent sur des parties sensuelles et inhabituelles, comme les chevilles ou les poignets. C’est ainsi que je célèbre une forme d’universalisme majestueusement féminin, dont chaque femme est la parfaite représentation. Mes vêtements débordent de détails, de technicité, pour évoquer la complexité de celle qui la porte.

Votre marque est écologique – en quoi cette conscience participe-t-elle au message de la marque?
Nous avons une vraie charte de valeurs globales, qui veut apporter une forme de conscience au processus entier de la marque. Cela veut dire une transparence et une traçabilité dans les matières et les produits, un respect des employés sur toute la chaine de production, et une célébration de la création de mode comme un art. Tout cela est connecté et génère un produit aux valeurs ajoutées cruciales. Le style n’est pas qu’une affaire d’esthétique, mais d’éthique, et ce qui caractérise la femme Genny est avant tout sa conscience.

La demande des clientes a-t-elle évoluée ces dernières années?
Les femmes qui portent des vêtements Genny ne veulent pas s’enfermer dans une griffe ou un style de passage, elles veulent être dans un langage moderne mais une expression de soi intemporelle. Elles refusent plus que jamais un stéréotype pré-écrit. Elles ne sont jamais loin des tendances mais ne les suivent pas aveuglément.

Le label Genny synthétise l’essence de la mode et de la femme tout en reflétant son rôle changeant dans une société en pleine mutation. Elle désire des vêtements simples, fluides, aux détails justes, à la technicité classique et aux matières modernes, qui reflètent une clarté d’esprit.

Comment Genny reste-elle une marque très italienne tout en étant un label international ?
Depuis le début, le label Genny se concentre sur son essence Made in Italy. Cela renforce notre image luxueuse, internationale et prestigieuse, toujours de la plus haute qualité. Made in Italy veut dire une élégance, dans laquelle l’artisanat, la pratique d’atelier et la modernité se fondent en un. Nous avons un oeil qualitatif et conceptuel que le monde nous envie.