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L’effacement progressif des récits queer dans la culture.

Après plus d’une décennie de progression, la visibilité des personnages LGBT+ recule. Dans un moment où nos droits restent contestés et où les récits queer sont jugés “risqués”, la place accordée à nos histoires se réduit. Ce texte interroge ce mouvement et pose une question centrale : dans les rôles queer encore disponibles, quelle responsabilité portent les acteur·rice·s non queers lorsqu’ils·elles choisissent de les occuper ? Un recul inédit depuis plus de dix ans, qui n’a rien d’un hasard.

Pendant plus d’une décennie, la présence de personnages queer à l’écran n’a cessé de progresser. Aujourd’hui, la tendance s’inverse : les séries qui accueillaient nos récits sont souvent les premières à disparaître, révélant une vulnérabilité structurelle.

Ce renversement n’a rien d’accidentel. Il s’inscrit dans un climat où nos droits sont à nouveau contestés, où les récits minoritaires sont perçus comme “risqués”, et où les studios se replient sur des formats jugés plus sûrs. Ce mouvement dépasse la télévision : cinéma, plateformes, audiovisuel entier. Une culture qui se rétracte efface toujours les mêmes histoires, celles des minorités.

Qui porte nos rôles ? L’angle mort de l’incarnation et la responsabilité des allié·e·s.

Aucun rapport actuel ne précisent si les rôles queer sont incarnés par des acteur·rice·s queer. Cette absence de regard en dit long : l’incarnation n’est pas considérée comme un enjeu alors même qu’une histoire change selon qui la porte.

À cela s’ajoute une asymétrie historique : une partie de notre communauté a dû interpréter l’hétérosexualité pour survivre, s’adapter, se protéger. Cette expérience pèse sur la manière dont nos vies devraient ou non être incarnées à l’écran.

Dans un paysage où les rôles queer sont rares, la responsabilité des acteur·rice·s non queers est centrale. Choisir d’occuper un rôle queer, c’est aussi choisir d’en priver quelqu’un. L’alliance se pratique : elle consiste à laisser la place, à refuser de reproduire les mécanismes d’effacement qui nous ont longtemps marginalisé·e·s. La symétrie ne va que dans un sens : les personnes queer peuvent, bien entendu, incarner des rôles non queers.

Préserver une industrie minuscule, fragile, vitale et ne pas disparaître de nos propres cultures.

Nous continuons d’exister mais nos récits, eux, ne survivent que s’ils sont soutenus. La culture queer n’a jamais tenu seule : elle existe parce que des artistes, des équipes et un public la défendent.

Soutenir les œuvres réalisées, écrites, incarnées ou produites par des personnes queer n’est pas un geste symbolique. C’est un geste de survie culturelle.

Cette industrie est petite, sous-financée, essentielle. Elle ne tient que si nous la protégeons et si le milieu culturel accepte de lui laisser l’espace qui lui manque.Quand nos personnages disparaissent, ce ne sont pas seulement des rôles : ce sont des mondes possibles, des héritages, des futurs.

La question n’est plus de savoir si nous reculons, mais qui décide de ce que la culture laisse survivre et de ce qu’elle choisit d’effacer.