Après Art Basel il y a quelques semaines, Paris accueille une nouvelle foire honorant cette fois-ci la création photographique contemporaine. Jusqu’au 16 novembre, les galeries de photos et les éditeurs de livres de photos se réunissent au Grand Palais. Pour l’occasion, Antidote a rassemblé plusieurs artistes queers exposé·es à ne pas manquer.
Lin Zhipeng (aka No. 223)
Artiste chinois né en 1979, Lin Zhipeng est également connu sous le nom de No.223. Il incarne l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes en Chine car il s’est fait connaître sur les réseaux sociaux et à travers des auto-éditions de son travail. Zhipeng explore des thématiques comme l’amour, la sexualité et le genre tout en venant défier ou interroger les normes sociales. Les photographies sont très intimes, mais toujours empreintes d’une certaine douceur. Les corps nus viennent alors côtoyer l’espace public et documenter la vie de la jeunesse dans une Chine contemporaine. Les photographies de No.223 se démarquent par des couleurs délavées, des fleurs fanées qui s’allient à la chair et des individus dans des moments d’intimité intenses. En remettant l’émotion au centre de son projet artistique, l’artiste insuffle un vent de liberté dans une Chine à l’histoire parfois très conservatrice et traditionnelle. Son travail est présenté par la « Stieglitz19 Gallery ».

Martine Gutierrez
Né·e en 1989, l’artiste Martine Gutierrez a recours à la photographie et à la vidéo pour explorer des identités personnelles et collectives. D’héritage mayan, l’artiste non-binaire croise la culture queer, l’héritage indigène et les communautés racisées. Ses photos reprennent l’esthétique des photographies de mode et interrogent les standards de beauté dans la construction d’une féminité mainstream. Son travail repousse les limites de l’expression binaire du genre et milite pour un cadre d’expression plus libre. C’est notamment par la transformation de son image et des autoportraits en constante mutation qu’iel y parvient. Son œuvre « Indigenous Woman » est un faux magazine de mode qui en détourne les codes pour critiquer le néocolonialisme. Une performance de l’artiste intitulée « Lottery » est prévue le samedi 15 novembre. L’artiste est exposé·e par la Fraenkel Gallery.

Kevin Osepa
Pour Kevin Osepa, son identité queer est indissociable de son travail. Né sur l’île de Curaçao, l’artiste vit désormais aux Pays-Bas où il explore, dans ses photos et vidéos, les rituels et les mythes de son île antillaise. L’intersectionnalité est centrale dans sa photographie, et la transposition de son identité résonne avec des questionnements collectifs autour du décolonialisme et de la religion. Rendant hommage au mysticisme et aux symboles de sa communauté afro-caribéenne, les explorations visuelles d’Osepa deviennent un langage universel. Les photographies de Kevin Osepa sont présentées par la Galerie Ron Mandos.

Jess T. Dugan
Né·e en 1986, Jess T. Dugan réalise des portraits où les questions de l’identité et le genre sont au centre. Les photographies visent à unifier et à documenter la communauté queer. Son travail passe toujours par la rencontre humaine et la création de liens avec le sujet représenté. La·le photographe a notamment réalisé la série « To Survive on this Shore » en collaboration avec Vanessa Fabre. Des portraits photographiques et textuels rendent hommage à des doyens de la communauté trans et les montrent dans leur vie quotidienne. Son travail est exposé par la Curatorial Gallery.

Laura Aguilar
La collection d’Estrellita B. Brodosky, consacrée aux arts latino-américains, présente le travail de Laura Aguilar, décédée en 2018. Cette photographe mexicaine était parmi les figures les plus importantes de l’art queer à Los Angeles. Ses photographies sont un travail identitaire sur le corps. À travers des portraits et des autoportraits, elle capture des identités lesbiennes, queers, grosses, ainsi que des personnes issues de communautés populaires. Son œuvre met en lumière les identités marginalisées et célèbre la diversité corporelle et sexuelle dans la communauté queer.

Camila Falquez
La Hannah Traore Gallery présente le travail de la photographe colombienne Camila Falquez. Entre portraits traditionnels de mode pour Vogue ou des œuvres qui résonnent avec des enjeux sociaux et identitaires plus larges, le travail de la photographe est autant éclectique que personnel. Travaillant avec des couleurs vibrantes, elle réalise elle-même les sets et les accessoires utilisés lors des shootings. C’est notamment par un rapport particulier au tissu et aux vêtements que ses photos se démarquent, s’inscrivant alors dans une histoire européenne picturale du drapé. Les photographies de Falquez ont pour but d’explorer les identités queers, trans et non-binaires et cherchent à remodeler les identités racisées en s’écartant des récits coloniaux.

Hal Fischer
L’artiste Hal Fischer sera présent, le vendredi 14 novembre, pour présenter et dédicacer son ouvrage « Seminal Works ». Le livre retrace notamment sa série de photos intitulée « Gay Semiotics ». Initiée en 1977, elle constitue une analyse historique de l’histoire gay mais également un essai visuel emblématique de la culture queer. Fischer s’inspire du structuralisme et allie une approche conceptuelle à la photographie documentaire. Ainsi, les œuvres se composent de photographies en noir et blanc et de texte qui frôle parfois le second degré. La série documente comment la culture queer à San Francisco se manifeste visuellement et capture une sémiotique propre à la communauté homosexuelle. Les codes visuels et vestimentaires de la culture gay sont décortiqués et analysés, en passant du foulard dans la poche arrière du jean aux boucles d’oreilles. La rencontre est proposée par la galerie « Aperture ».
