Alors que Demna faisait ses adieux à Balenciaga quelques heures plus tôt, le microcosme de la mode se pressait déjà pour assister au défilé Maison Margiela Artisanal, impatient de découvrir la toute première collection imaginée par Glenn Martens. Chargé de succéder à John Galliano, dont l’ère s’est conclue en apothéose, le créateur a choisi de revenir aux fondations symboliques de la maison, en habillant notamment le visage des mannequins de masques, un accessoire emblématique depuis le tout premier défilé de Martin Margiela en 1988. Parfois façonnés dans des matières brutes et riches, parfois voilés de tulle, ils enveloppent les visages avec poésie et s’imposent ici comme des extensions organiques des silhouettes. C’est dans sa Flandre natale que le designer, originaire de Bruges, a puisé un souffle gothique. Une nouvelle fois inspiré par l’art flamand, il recompose des natures mortes florales en utilisant des techniques de collage sur papier, empruntées aux maîtres du XVIIe siècle. Des fragments évoquant des morceaux de papier peint délavés se superposent pour dessiner une esthétique à la fois baroque et contemporaine, où la verticalité des lignes sculpte le corps avec solennité. Fidèle à sa démarche éco-responsable, Glenn Martens intègre également des matériaux recyclés : des vestes de bikers patinées, des bijoux façonnés à partir deadstocks oubliés, comme autant de fragments du passé qui retrouvent la lumière le temps d’un défilé solennel.