Elle est devenue hier soir lors des MTV Video Music Awards l’artiste la plus récompensée de l’histoire de la cérémonie. Pour son arrivée remarquée sur le tapis rouge accompagnée de sa fille Blue Ivy, Beyoncé portait une robe du créateur italien Francesco Scognamiglio, fraîchement entré dans le calendrier officiel de la haute couture. Antidote l’a rencontré.
Si Francesco Scognamiglio vient seulement de faire son entrée dans le calendrier officiel de la haute couture, le créateur italien a commencé sa carrière dans le vase clos de la couture il y a de cela une quinzaine d’années.
Né à Pompei d’une mère directrice d’un bureau de poste local et d’un père avocat, Scognamiglio a fait ses armes à l’Institut Supérieur de Design de Naples. Immédiatement après l’obtention de son diplôme en 1998, il lance sa griffe éponyme depuis un atelier qui fut autrefois la maison de ses grands-parents. Seulement deux ans plus tard, il présente ses créations très féminines et romantiques infusées d’une touche de rock and roll lors d’un défilé à Rome, où son amie, le top model en herbe Maria Carla Boscono, foule le podium.
Francesco Scognamiglio haute couture automne-hiver 2016
Mais dans l’histoire de la maison Francesco Scognamiglio, cette année 2016 restera celle où la marque a réellement pris son envol. Elle marque non seulement le quinzième anniversaire de son premier défilé de prêt-à-porter milanais, mais aussi l’inauguration d’un impressionnant nouveau siège dans la capitale lombarde au sein d’un palazzo du XVIIe siècle via Morone. Et n’oublions pas qu’il fera cette semaine et pour la première fois son apparition dans le calendrier officiel de la haute couture français.
À l’aube de ce nouveau départ, nous avons discuté avec le créateur de ce qu’implique la présentation de sa couture dans la ville lumière, de la façon dont nous décririons la femme Scognamiglio et de la recette pour attiser sa créativité.
Francesco Scognamiglio haute couture automne-hiver 2016
Antidote : Comment vous-êtes vous senti lorsque l’on vous a annoncé que vous étiez retenu parmi les membres invités de la Chambre Syndicale de la Haute Couture Française ?
Francesco Scognamiglio : Pour moi, c’était la réalisation d’un rêve que j’avais depuis mon plus jeune âge. C’est un honneur phénoménal, et quand vous pensez que le dernier designer italien à avoir été nommé membre invité s’appelle Giorgio Armani, c’est plutôt un choc. Et maintenant, je suis dans le rush pour terminer 19 chefs-d’œuvre qui je l’espère témoigneront au monde de ce dont je suis capable.
Quand avez-vous découvert votre amour pour la mode ?
C’est une belle question parce qu’à chaque fois qu’on me la pose, elle me ramène à mon enfance, vers l’âge de 5 ans, quand j’accompagnais ma mère acheter des robes. C’était une très belle femme, je la regardais s’habiller pour sortir et je réalisais alors que j’avais en moi, cette envie de créer ma propre vision de la beauté. J’ai commencé à dessiner à l’âge de 3 ans, et j’ai continué à adorer cela en grandissant. J’ai finalement commencé à esquisser des femmes nues puis à les vêtir de robes. C’est le moment où j’ai réalisé vouloir confectionner des robes. Mais pour moi, créer, c’est une sorte d’art que je peux exprimer aux autres à travers mes gestes.
« La couture, pour moi, c’est comme boire un verre de vin, c’est très facile. »
Vous fêtez le 15e anniversaire de votre première collection de prêt-à-porter présentée à Milan. Vous avez vu Milan émerger de son sommeil et la naissance d’une toute nouvelle génération de jeunes créateurs. Que pensez-vous de ce changement ?
Je pense qu’il y a encore beaucoup de confusion ces jours-ci parce que la méthode employée précédemment pour construire son ADN était bien plus précise qu’aujourd’hui. Les designers montaient graduellement saison après saison. Aujourd’hui, beaucoup de créateurs, pour être cool ou essayer d’être cool, changent ce qu’ils font chaque saison et on ne comprend plus vraiment qui ils sont ou ce qu’ils représentent. Si la presse dit de moi : « oh, encore des volants », je m’en moque. Parce que je pense avoir une vision très spécifique de ma marque, et cela me permet de ne créer que de très belles pièces. J’adore l’univers de la lingerie. J’aime la transparence, la dentelle et les volants. Puis j’utilise mes compétences pour faire que les femmes se sentent belles comme jamais lorsqu’elles portent mes créations.
Francesco Scognamiglio haute couture automne-hiver 2016
Quand pensez-vous être au summum de votre créativité ? Quand est-ce que l’esprit de la création s’empare-t-il de vous ?
Tout est question d’intimité. Quand je me retrouve seul dans mon bureau, je fais l’amour avec mon crayon, mes couleurs et mes lumières. C’est un moment très intime que je dédie à la transformation d’une feuille de papier vierge en quelque chose de spécial. Pour concevoir une nouvelle histoire, le prochain chapitre de l’histoire de ma marque. Le plus beau moment, c’est quand vous êtes seul avec vos idées.
Quel est le plus gros défi que vous rencontrez aujourd’hui avec votre marque ?
Préparer le show de couture, d’abord. C’est vraiment un monde différent. C’est l’odeur des tissus, c’est le tailleur autour du corps féminin. Mais j’ai commencé la couture avec mon entreprise en 2008, donc elle fait vraiment partie intégrante de mon ADN. La couture, pour moi, c’est comme boire un verre de vin, c’est très facile. Mais le fait d’intégrer le calendrier officiel parisien de la haute couture ajoute de la pression.
Et alors, qui est la femme Francesco Scognamiglio ?
Ma femme est une mère. Ma femme est une amante. Ma femme est très sensible et une personne singulière. C’est une femme qui aime les hommes. Elle sait aimer. Elle sait pleurer, avoir l’air chic, provocateur et doux en même temps.