Un harnais en cuir, noir. Du vinyle, rouge. Des bottes, cuissardes. Une odeur de sulfure imprègne le vestiaire de la femme en 2016. La dominatrice de luxe voue un culte sartorial au SM. Âmes sensibles, s’assujettir.
Héritière d’une lignée née du temps de Gianni Versace puis perpétuée par Marc Jacobs, John Galliano et Alexander McQueen, l’irréductible dominatrice mode délaisse en 2016 fouet et menottes mais conserve vinyle et cuissardes.
Plus subtile et d’autant plus provocatrice, elle n’a pas nécessairement lu Fifty Shades mais a religieusement étudié les éditoriaux de Carine Roitfeld. Son sac à main signé J.W Anderson est orné d’un nose ring, son buste est emprisonné dans un harnais en cuir verni par Louis Vuitton et les bretelles de sa robe en dentelle vermeille Nina Ricci se resserrent autour de son cou. On l’a croisée à Cannes, au Gala du Met et sur les podiums des défilés. Voici ses sept tendances fétiches.
1 – LE HARNAIS
De gauche à droite : Louis Vuitton automne-hiver 2016, Bibhu Mohapatra automne-hiver 2016, Fendi printemps-été 2016, Versace automne-hiver 2016, Moncler Gamme Rouge automne-hiver 2016.
Automne-hiver 1992 : Gianni Versace fait scandale avec sa collection Bondage. Les supermodels de l’époque foulent le podium le corps férocement muselé. La cadette Donatella n’a jamais abandonné l’idée depuis qu’elle a repris les rennes de la griffe de son défunt frère. En python et fleuri chez Fendi, façon tyrol pour Moncler Gamme Rouge et verni chez Louis Vuitton, le harnais est littéral chez Bibhu Mohaparta. Pour cause, le créateur américain a collaboré pour son automne-hiver 2016 avec Zana Bayne, label lancé en 2009 et spécialisé dans la confection d’accessoires et de harnais en cuir. Après avoir séduit Comme des Garçons ou Marc Jacobs, les pièces de Zana Bayne apparaissent dans Lemonade, l’album visuel de Beyoncé. Peter Marino a demandé une carte de fidélité.
2 – CLOUS ET PIERCINGS
De gauche à droite : Alexander Wang automne-hiver 2016, Damir Doma automne-hiver 2016, Hermès automne-hiver 2016, J.W. Anderson automne-hiver 2016, Valentino automne-hiver 2016.
Pour le photocall de Juste la fin du monde au 69e festival de Cannes, Marion Cotillard a enfilé un chemisier à plastron noir lourdement brodé. Celui-ci provient de l’automne-hiver 2016 de J.W. Anderson. Son sac phare de la saison, lancé exclusivement sur MatchesFashion, est orné d’un nose ring XL. Cette obsession se manifeste chez Damir Doma et Alexander Wang où les pièces se scindent et se raccommodent à l’aide d’anneaux. Aux pieds de la Prefall 2016 d’Alessandro Michele, un soulier affûté Gucci en cuir clouté, aux oreilles des filles Dior, une rangée de piercings et aux poignets de la sage femme Hermès, une accumulation de manchettes noires piquées de clous façon menottes. Rebelle.
3 – LE CHOKER
De gauche à droite : Fenty Puma automne-hiver 2016, Alexander Wang automne-hiver 2016, Ralph Lauren automne-hiver 2016, Dries Van Noten automne-hiver 2016, Elie Saab automne-hiver 2016.
Très populaire dans les années 90, le collier ras de cou, ou choker, s’était depuis fait discret. C’était sans compter sur New-York, Alexander Wang, Ralph Lauren et Rihanna. Garni d’une croix, le choker souligne le port de tête de la femme Fenty Puma dont l’attitude pourtant n’a rien de très catholique. La dominatrice Elie Saab y succombe pour un automne-hiver 2016 plus érotique que jamais.
4 – TOUT CUIR
De gauche à droite : Isabel Marant automne-hiver 2016, Lanvin automne-hiver 2016, Mugler automne-hiver 2016, Gareth Pugh automne-hiver 2016, Ellery automne-hiver 2016.
En coton et de couleur beige, le trench est l’intemporel apanage de la bourgeoise parisienne. En cuir et verni, il ne saurait guère plus seoir à Inès de la Fressange. La femme Isabel Marant endosse, elle, sans complexe un modèle rouge et ceinturé. L’objet du fantasme, en noir, fait son apparition sur les catwalks de Lanvin, Valentino, Calvin Klein, Miu Miu, Carven et DROMe. L’allure est ouvertement séductrice. Un crédo commun à la femme Mugler dont les franges de la robe en cuir rappellent les lanières d’un fouet. Plus loin dans le fétichisme, Gareth Pugh présente cet automne une femme Hannibal Lecter, masquée, gantée et glissée dans un look tout cuir. Elle tient dans sa main une malette dont on ne souhaite connaître le contenu. Certifié NSFW.
5 – LES CUISSARDES
De gauche à droite : Vetements automne-hiver 2016, Alexandre Vauthier Haute Couture printemps 2016, Wanda Nylon automne-hiver 2016, Marc Jacobs automne-hiver 2016, Balenciaga PreFall 2016.
Raf Simons lui a redonné ses lettres de noblesse pendant son mandat chez Christian Dior. La cuissarde se porte large et vernie dans les collection Vetements et Wanda Nylon automne-hiver 2016, métallisée pour l’attendue PreFall de Demna Gvasalia chez Balenciaga, façon seconde peau pour Alexandre Vauthier et perchée sur une plateforme vertigineuse chez Marc Jacobs. Les gants en cuir que la femme dominatrice lui associe chez Andrew GN et Balmain ont eux aussi gagné une vingtaine de centimètres.
6 – LES SANGLES
De gauche à droite : Andrew Gn automne-hiver 2016, Alexander McQueen automne-hiver 2016, Atelier Versace Haute Couture printemps 2016, Valentino automne-hiver 2016, Y/Project automne-hiver 2016.
Alors que Paris célèbre le bondage avec l’exposition Nobuyoshi Araki au Musée Guimet, Paris Hilton apparaissait ligotée dans un look signé Hood By Air en couverture du magazine Paper de l’hiver dernier. La technique maintient les créations couture d’Atelier Versace, retient les manches des designs de Y/Project et dévoile la taille des modèles de Valentino.
7 – LA DENTELLE
De gauche à droite : Céline printemps-été 2016, Balmain automne-hiver 2016, Gucci automne-hiver 2016, Christopher Kane automne-hiver 2016, Nina Ricci automne-hiver 2016.
La collection printemps-été 2016 de Céline s’est imposée comme l’une des favorites de la Fashion Week de Paris. Elle marque le retour du déshabillé. Celui de Phoebe Philo fusionne avec élégance soie blanche et dentelle noire. Ce tissu sera légion à l’automne-hiver, depuis Philosophy di Lorenzo Serafini, jusqu’à la majestueuse robe Gucci brodée d’un serpent noir. La femme Balmain, jamais très loin, enfile une perruque pour assister à des parties aussi fines que la dentelle qui recouvre ses cuisses.
Et si Madonna avait finalement eu tout bon dans son ensemble Givenchy de dominatrice libidineuse au Gala du Met ? Sa fille Lourdes est toujours enfermée dans sa chambre.