La marque italienne n’en est pas à sa première vie, mais elle vient d’ouvrir un nouveau chapitre avec Alessandro Michele.
Ancien bras droit de la directrice de création Frida Giannini, restée douze années chez Gucci, ce brillant styliste a cependant attendu ses 42 ans pour sortir de l’ombre. Formé à Rome par l’Académie du costume et de la mode, il travaille chez Fendi avant de rentrer chez Gucci en 2002. Tom Ford le soutient, l’encourage, le forme… Il apprend, sans relâche. Jusqu’en 2014, où Michele est intronisé directeur de la création et de l’image de la maison florentine. Dès les défilés homme et femme automne-hiver 2015-2016, l’évidence s’impose : le vieux monde Gucci n’est plus d’actualité. Tout en respectant son patrimoine, il faut le bousculer et, surtout, épouser l’air du temps sans en avoir l’air.
« Le contemporain est inactuel », disait Roland Barthes, cité par Michele dès son premier show. À raison. L’intemporalité doit redevenir sexy. Exit le glamour de la Riviera italienne, il faut déniaiser les paillettes, intellectualiser la décadence, cultiver l’androgynie, ressusciter le dandy. Les garçons et les filles partagent leur dressing et ne se séparent plus pour s’amuser en soirée. Lors du dernier défilé en date pensé par Michele, celui de la ligne homme du printemps-été 2016, la collection baptisée « Détournement » a fait effet. Le mot n’est pas choisi par hasard. Il s’agit bien de réutiliser une image, celle de Gucci donc, pour créer une nouvelle œuvre dotée d’un message différent. La révolution gronde, mais elle n’explosera pas puisqu’elle puise ses inspirations dans ce que la culture italienne a offert de plus beau : le Quattrocento ou les films de Visconti. Du faste, de l’excès, du beau. Que la fête commence.