© Photos Hans Feurer pour Antidote
Paris, 2011. Le jour où il apprend qu’il devient directeur artistique de Lacoste (succédant ainsi à Christophe Lemaire), le styliste portugais Felipe Oliveira Baptista connaît le grand frisson. De joie – Lacoste n’est pas n’importe quelle marque – mais aussi de frayeur. Par Sophie Rosemont.
Le challenge était de taille : il s’agissait du fournisseur officiel des Jeux Olympiques, d’une marque présente dans près d’une quarantaine de pays, d’un polo mythique inventé en 1933 par René Lacoste afin d’appréhender le court avec plus de confort. Et d’un logo inspiré du surnom du célèbre joueur de tennis : « le crocodile ». Autre complication : l’ambivalence d’une maison qui, si elle est bien française, défile à New York. Sportive outre-Atlantique, bon chic bon genre ici, elle joue avec les codes du style sans trop de scrupules mais avec un classicisme affiché… Oui, la tâche s’annonce ardue. Mais Felipe Oliveira Baptista en a, lui aussi, sous la casquette. À 35 ans, il a déjà fait ses armes chez Cerruti et Max Mara, il défile à Paris avec sa marque éponyme depuis 2003, a deux fois été lauréat de l’ANDAM, et aussi du Grand Prix du Festival de Hyères. Il se jette dans l’arène. Ainsi renaît la maison Lacoste, instantanément dynamisée par les coupes franches et les couleurs vives de Felipe. Depuis, la culture urbaine prend régulièrement des coups de soleil, et le sportswear de nos dimanches devient notre look du vendredi soir. On fait la fête en Lacoste et le court de terre battue n’a jamais été aussi proche du bitume. Avec la collection capsule de l’automne-hiver 2015-2016, « René Did It First », Baptista célèbre l’esprit audacieux du grand tennisman qu’était René Lacoste. Un nouveau slogan non dénué d’humour… Le mariage du preppy et du sportif, du classique et du radical, du ludique et de la compétition : Felipe serait-il le plus grand champion de Lacoste ?