On vit dans un monde où l’injustice se diffuse en direct, visible depuis nos écrans, à la seconde près. On a vu des corps tomber, des villes s’effondrer, des vies s’éteindre avant même que la justice ne s’en mêle. Et dans ce décalage, quelque chose s’est rompu. On a compris qu’on pouvait tout voir sans que rien ne change. Les institutions se taisent, les puissants s’excusent, les tribunaux vacillent sous le poids du temps.Alors, une autre forme de morale a pris place : collective, horizontale, immédiate. Les réseaux sociaux sont devenus nos places publiques, nos tribunaux, nos cris d’alerte. Nous sommes devenus juges malgré nous. Pas parce qu’on le voulait, mais parce qu’il est moralement difficile de faire autrement. Et à force de vouloir réparer, on finit par s’épuiser. Porter sur nos épaules un monde qu’on n’a pas construit, mais qu’on refuse de laisser s’effondrer.